lundi 27 juillet 2009

couleurs

terre de Sienne , terre d’ombre...bleu d'outremer, bleu de Prusse, lavande, lilas, cobalt, lapis-lazuli...

rouge cinabre, vermillon, vif, sanguine, sang de dragon, rubis , magenta, carmin...jaune giallorino, ocre, orpiment, réalgar, safran...vert émeraude...


Les théoriciens se sont habitués à distinguer 12 couleurs disposées autour du cercle chromatique :

Du jaune au violet : safran (ou cadmium), orange, capucine, rouge, grenat (ou pourpre).

Du violet au jaune : indigo (ou campanule), bleu, turquoise (pierre fine opaque de couleur bleu ciel à bleu-vert), vert, soufre (jaune citron).


3 couleurs primaires : jaune, rouge, bleu (aucun mélange ne peut les produire).

3 couleurs secondaires, couleurs composites, résultant du mélange de deux couleurs primaires : violet (bleu+rouge), vert (bleu+jaune), orange (jaune+rouge).

2 « non couleurs », le noir et le blanc, les termes extrêmes de l’échelle chromatique. Le blanc est la combinaison optique de toutes les lumières du spectre (le gris pour la peinture), le noir résulte de l’absorption de toutes ces lumières.




Les couleurs complémentaires sont une couleur secondaire avec la couleur primaire qui n’en est pas composante : bleu/orange, vert/rouge, jaune/violet.

Les couleurs complémentaires sont celles diamétralement opposées sur le cercle chromatique.

Voisines, elles forment le plus grand contraste chromatique possible (« loi du contraste simultané » selon Chevreul) ; elles s’exaltent à au plus grand degré d’intensité visuelle.

Observez l'objet rouge ci-dessous pendant une minute, puis fixez l'œil à côté, sur une partie blanche; une autre image va apparaitre, mais dans une autre couleur, celle de la complémentaire (vert en l'occurrence):




Mélangées, elles se détruisent et donnent un gris neutre (achromatisme).

Dosées avec prudence, ces propriétés permettent de « rabattre » un ton jugé trop vif, autrement dit à rompre son éclat ; un peu de rouge dans un vert en atténue la force, ce qui peut être appréciable dans un paysage.

« Les complémentaires se soutiennent jusqu’au triomphe, ou se combattent jusqu’à la mort ».

Les couleurs « chaudes » : du jaune au rouge en passant par l’orange.

Les couleurs « froides » : du violet au vert en passant par le bleu.








"Synchronie" de Macdonald-Wright, 1914


La synesthésie consiste à associer spontanément des sensations de nature différentes, mais qui semblent se suggérer l’une l’autre (des couleurs sur les sons, ou du goût sur les formes).


Musique et peinture ont failli s’épouser avec Prométhée de Scriabine (1910). Cette pièce devait marquer la fusion des arts et des sens. Au gros orchestre flanqué d’un orgue, d’un piano et d’un chœur aurait répondu un clavier de lumières projetant sur un écran des couleurs censées correspondre aux coloris harmoniques : do=rouge, sol=orange, ré=jaune brillant, la=vert, mi=blanc. On imputa à la défaillance de la machine l’échec de la tentative.


Messiaen déclare avoir été très influencé par les tableaux et tapisseries de Robert Delaunay, par leurs contrastes simultanés, par Charles Blanc-Gatti, « peintre des sons ».

Messiaen est atteint de "synopsie" ou de "synesthésie" : il voit des couleurs de plus en plus claires vers les sons aigus et de plus en plus sombres vers les graves.

Il décrit certaines harmonies du "Quatuor pour la Fin du Temps" comme « cascades d’accords bleu-orange », « énormes blocs de pourpre », « fouillis d’arcs-en-ciel » ou « les coulées de lave bleu-orange »: « Lorsque j’entends de la musique, je vois intérieurement des complexes de couleurs correspondant aux complexes de sons. »


Messiaen rangeait Debussy parmi les compositeurs colorés, au côté de Monteverdi, Mozart, Moussorgski, Wagner et Stravinsky.

Il avait une passion pour le violet et s’indignait que, lors d’une représentation d’un Pélléas et Mélisande dirigé par Boulez, Pélléas fût en costume rouge : « quelle erreur ! Un décorateur doit écouter la musique ! ».


Autres synesthètes : Baudelaire, Nabokov, Kandinsky





Arthur Rimbaud, Paris 1872

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
-O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Arthur Rimbaud
« J’ai cru voir, parfois j’ai cru sentir de cette façon ».




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