Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud
Clotaire dort à Vauxbuin depuis le 21 juillet 1918.
photo Aline Héau.
Bonjour,
RépondreSupprimerAu risque de passer pour un inculte, qui était ce Clotaire Lecointe ?
Un parent ou un illustre clarinettiste tombé dans les limbes de l'oubli ?
Mon arrière grand-père, musicien brancardier, "mort pour la France" le 21 juillet 1918.
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