vendredi 26 mars 2010

« Souvenez-vous que dans les sciences d’observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés » Louis Pasteur.


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"Au cours de mon travail, je me heurte soudain à quelque chose d’inattendu. Cet élément inattendu me frappe. Je le note. A l’occasion, je le mets à profit. (...)
La faculté de créer ne nous est jamais donnée toute seule. Elle va toujours de pair avec le don d’observation. Et le véritable créateur se reconnaît à ce qu’il trouve toujours autour de lui, dans les choses les plus communes et les plus humbles, des éléments dignes de remarque. (...)
Le moindre accident le retient et conduit son opération. Si son doigt glisse, il le remarquera ; à l’occasion il tirera profit de l’imprévu que lui révèle une défaillance".
Stravinsky, in Poétique musicale 1952


En 1928, Alexander Fleming part deux semaines en vacances en laissant dans son laboratoire une boîte de Petri où il fait pousser des staphylocoques. Lorsqu'il revient, il constate que la culture a été contaminée par les souches d'un champignon qui ont arrêté la croissance des bactéries.
Fleming vient de découvrir la pénicilline!


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L'américain Charles Goodyear pose par mégarde un morceau de caoutchouc recouvert de fleur de soufre sur un poêle à charbon. Quand le produit s'enflamme, dépité par sa maladresse, il jette le caoutchouc par la fenêtre. Quand au matin, il ramasse l'objet dans la neige, il constate que le matériau possède une grande élasticité et des qualités de résistance à l'abrasion, une moindre sensibilité aux températures, une imperméabilité aux gaz et une forte résistance aux produits chimiques et au courant électrique: Goodyear vient par hasard d'inventer la vulcanisation du caoutchouc!

Jim Slatters essaie de développer un médicament pour traiter les ulcères. En se léchant le doigt pour tourner une page de son carnet de notes, il sent un goût sucré, et comprend qu'il a sur les doigts un peu de la substance sur laquelle il travaille. Il invente l'aspartame.

On pourrait aussi citer Christophe Colomb, les sœurs Tatin, l'invention du post-it, des chips et de tant d'autres choses.


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On nomme sérendipité l'art de trouver ce que l'on ne cherche pas en cherchant ce que l'on ne trouve pas.
En fait, on peut en distinguer 3 formes:
-trouver quelque chose que l'on ne cherche pas
-trouver quelque chose que l'on cherchait par un moyen imprévu
-trouver quelque chose qui sert à tout autre chose que ce à quoi on pensait au départ

Toutefois, tous les heureux hasards décris ci-dessus ne seraient rien sans la sagacité et la perspicacité des chercheurs, ainsi que leur capacité à tirer avantage de l'imprévu.
La sérendipité s'adresse donc aux esprits préparés, ouverts, flexibles et curieux.
Tout l'art de la sérendipité consiste à reconnaître immédiatement que, ce que l'on vient de trouver, a plus d'importance que ce que l'on cherchait. Et donc savoir abandonner son ancien objet de recherche pour se consacrer au nouveau.


Des erreurs pour progresser...
Dans la théorie de l'évolution des espèces, le hasard occupe une place déterminante dans le processus de la sélection naturelle. En effet, c'est par les hasards des mutations génétiques (qui sont en quelque sorte des erreurs génétiques) que vont apparaître des caractères particuliers. Certains de ces caractères vont être fortuitement favorables à la survie de l'espèce (par exemple une modification de la couleur du pelage qui permettra un meilleur camouflage). Par la reproduction, ce caractère va finalement l'emporter sur les autres (moins viables), opérant ainsi la sélection naturelle. Ce sont donc des erreurs fortuitement bénéfiques, qui vont permettre aux être vivants d'évoluer et de s'adapter.


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Le concept de sérendipité invite chacun à porter un regard différent sur ses erreurs.
En le cultivant, on pourra parfois se consoler de ne pas trouver ce que l'on cherchait, en trouvant ce que l'on ne cherchait pas!

Détails de La Création des astres et des plantes, Michel-Ange, plafond de la Chapelle Sixtine, Le Vatican

vendredi 19 mars 2010

Drôles d'oiseaux (1)


Dessin de Serre

Drôles d'oiseaux (2)

Les Bons Becs "en voyage de notes"

photo J M Volta

vendredi 12 mars 2010

Saudade...



D'après l’auteur brésilien Joachim Nabuco, « le plus touchant de tous les mots est le mot portugais
saudade (prononcer « saoudade »). Il exprime le regret de l’absence, le chagrin des séparations, toute la gamme de la privation des êtres et des objets aimés. C’est le mot qu’on grave sur les tombes ; le message que l’on envoie aux parents, aux amis. L’exilé a saudade de la patrie, le marin de la famille, les amoureux l’un de l’autre dès qu’ils se quittent ; on a saudade de sa maison, de ses livres, de ses amis, de son enfance, des jours vécus. » (in Pensées détachées et souvenirs)

La saudade exprime la nostalgie, qui est étymologiquement, la douleur du retour (du grec nostos, "retour" et algos, "douleur").
Pour Alain Rey, la nostalgie est une tristesse douce empreinte de regrets ou d'insatisfaction.

La saudade est aussi un genre musical qui exprime la nostalgie d'un lieu ou d'une personne.

Darius Milhaud


Darius Milhaud a séjourné en Amérique latine en 1917 et 1918 en qualité de secrétaire de Paul Claudel, nouvel ambassadeur de France au Brésil.


En 1921, il écrit les Saudades do Brasil, un cycle de 12 pièces pour piano consacrées aux différents quartiers de Rio de Janeiro (Ipamena, Corcovado, Copacabana, Soracaba, etc.).


Chaque pièce est marquée par l'influence du folklore sud-américain, et est basée sur les rythmes à 2 temps du tango ou de la samba, revisitée et réinventée par Milhaud.