dimanche 10 avril 2011

Mozart et la clarinette

Lors d'un voyage à Mannheim en 1778, Mozart fut impressionné par la "beauté du son des clarinettes" nouvellement introduites au sein de l'orchestre.
En 1789, Mozart compose le Quintette pour clarinette et cordes à l'attention d'Anton Stadler, son frère de loge maçonnique.



La clarinette, officiellement inventée en 1690 par Johann Christoph Denner, est alors un instrument en pleine évolution. Stadler joue un prototype révolutionnaire à cinq clés.
A titre de comparaison, les concerti de Weber, composés seulement vingt ans plus tard, seront interprétés par Heinrich Joseph Baermann sur un instrument à dix clés, déjà bien plus performant.
Mozart, qui a saisi toutes les possibilités expressives de la clarinette, va écrire pour elle ses plus belles pages du répertoire: le concerto k 622, le Kegelstatt-Trio, le quintette avec clarinette K 581, ou des airs d'opéra avec obligato de clarinette.
Voici Parto, ma tu ben mio de la Clémence de Titus:



Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, les instruments à vent sont en vogue. On peut les entendre aussi bien dans les salons que dans des concerts en plein air.
On voit avoir fleurir une littérature musicale composée d'œuvres originales et de transcriptions.
Mozart raconte dans une lettre à son père que sa Sérénade pour vents K 375 " a eu un plein succès. On l'a jouée en trois endroits différents, pendant cette nuit de la Sainte-Thérèse. Dès qu'ils l'avaient achevée en un lieu, on les emmenait et on les payait dans un autre".
Dans cette vie musicale animée, les instrumentistes à vent, souvent par ailleurs d'excellents facteurs, arrangent eux-mêmes de nombreuses partitions. On peut citer par exemple le Don Giovanni pour Harmoniemusik du hautboïste Josef Triebensee.
Voici "Der Vogelfänger" extrait de La flûte enchantée (transcription de J. Heidenreich) par l'Ensemble Maurice Bourgue:



Chez Mozart, la transcription peut être didactique, comme par exemple quand il adapte pour cordes certaines fugues de Bach. Mais elle est souvent pragmatique, comme en témoigne la lettre à son père écrite peu après la création de L'enlèvement au sérail: "Mon opéra doit être arrangé pour orchestre à vents pour dimanche prochain, sinon un autre passera avant moi et aura tout le profit au lieu de moi-même".
Remplacer le premier violon du quatuor par un instrument à vent est une pratique courante comme en témoignent les quatuors pour flûte et le quatuor pour hautbois.
La sonate pour violon et piano K 378 a été composée en 1779. Voici un arrangement que nous avons réalisés avec le quatuor Manfred pour un disque chez Zig Zag Territoires:



Et pour finir deux visions complémentaires de la musique de Mozart:
"Il faut que cela soit gai, soit si gai, que l'on ait envie de fondre en larme" B. Walter
"On voudrait pleurer, on pleure parfois, et le miracle est là: ces larmes sont douces comme un bonheur" A. Comte-Sponville

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