dimanche 9 janvier 2011

Les Contrastes, de Bartók (2)

Contrastes est écrit pour une combinaison instrumentale peu usitée, imposée bien-sûr par la commande. C’est, dans le catalogue des œuvres de musique de chambre de Bartók, la seule avec un instrument à vent.
Contrastes présente la curiosité d’être un trio pour 5 instruments : clarinette en la, clarinette en si bémol, violon, violon scordatura (accordé sol#, ré, la, mib) et piano.
Bartók n’utilise pas les musiques populaires au sens propre, mais les prend pour modèle spirituel, d’où la couleur fascinante et unique de cette musique, véritable folklore inventé et imaginaire.

Verbunkos : « danse des racoleurs », « danse de recrutement »




Ce mouvement correspond au lassù de la Czardas.
Le verbunkos est traditionnellement une musique dansée par les soldats en uniforme de cérémonie lors des séances de recrutement organisées par l’armée austro-hongroise des Habsbourg au début du XVIIIe siècle.
Dans ce mouvement, Bartók fait référence à différents éléments en rapport avec le folklore hongrois : des rythmes pointés « magyars », le bokazó (cadence rythmique imitant les coups de talon des cavaliers hongrois), l’ambigüité majeur/mineur, une écriture du violon avec des grands sauts d’intervalles, l’ornementation de la tonique ou l’insistance sur l’intervalle de la quarte.
Le traitement harmonique est riche, faisant appel par exemple aux gammes par tons, au mode lydien, à l’échelle octotonique, ou à la polymodalité chromatique.
Ce mouvement fait la part belle à la clarinette avec une cadence à la fin.


Pihenö : « repos », « relaxation »



On trouve dans ce mouvement l’inspiration du son du gamelan indonésien, tout comme dans le dernier mouvement du Concerto pour Orchestre ou De l’île de Bali, dans Mikrokosmos.



Les gammes pentatoniques et des intervalles mélodiques de secondes et de quartes de cette musique, se trouvent être aussi des caractéristiques de la musique folklorique hongroise.

Sebes : « danse rapide »



Elle correspond au friss de la Czardas. Dans ce mouvement, Bartók emprunte au folklore roumain une de ses danses caractéristiques de la région des Maramures, avec ses notes répétées avec appogiatures.
Il emprunte aussi au folklore bulgare le rythme (8+5)/8, lui-même superposition de deux rythmes : (3+2+3+2+3)/8 (au piano) et (1+2+2+2+1+4+1)/8 (à la clarinette et au violon).
C’est cette fois au violon que Bartók destine sa cadence.

Contrastes est une pièce très originale, qui puise son inspiration notamment dans les formes et musiques populaires hongroises, roumaines, bulgares ou du gamelan indonésien.
On peut noter que le contact avec Benny Goodman n’a pas incité Bartók à utiliser le langage du jazz.

Bibliographie: Bartók et le folklore imaginaire de Jean-François Boukobza, éditions Cité de la Musique 2005.

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