mardi 7 juillet 2009

Le maçon est le maitre du marteau,pourtant...

c’est le marteau qui a l’avantage sur le maçon...
parce que l’outil sait exactement comment il doit être manié, tandis que celui qui le manie ne peut le savoir qu’à peu près.
Le livre du rire et de l’oubli, Milan Kundera.

Essayons donc de saisir et de comprendre ce que nous "dit" notre clarinette.
Car ce n'est pas à la clarinette (qui est par nature "inflexible") de se plier à notre volonté, mais à nous d'essayer de jouer en intelligence avec elle, c'est à dire dans le sens qu'elle "désire" être jouée.

la clarinette sait exactement comment elle devrait être jouée, nous ne le savons qu'à peu près...
alors suivons son enseignement!

Pour cela, il s'agit d'ÉCOUTER.
Et donc tout d'abord de développer les deux "qualités d'écoute":
-l'écoute extérieure (celle du son)
-l'écoute intérieure (celle des sensations, du ressenti)

Voici une application concrète (plutôt à l'attention des clarinettistes "avancés").
Je répertorie 3 types d'intervalles:
-type 1: intervalles "simples" (je soutiens, je change de note...et ça marche)
-type 2: intervalles "impossibles" (je soutiens, je change de note...et ça ne marche pas)
-type 3: intervalles"délicats" (je soutiens, je change de note...ça passe, mais le legato laisse à désirer et on sent une "contrainte", un "blocage" dans l'écoulement de l'air).


Pour réussir l'intervalle de type 1, il suffit de bien soutenir (maintenir la pression de l'air).
Pour réussir l'intervalle de type 2, il faut impérativement couper l'air pour obtenir la deuxième note; on parle alors de "dépression d'air".
Pour réussir l'intervalle de type 3, c'est le même principe: l'intervalle se "négocie" grâce à une dépression d'air. Il sera réussi si l'écoute extérieure confirme un legato de qualité, tandis que l'écoute intérieure valide qu'il n'y a pas eu de "passage en force".
Cela concerne principalement les grands intervalles (surtout descendants) et ceux avec des changements de registres.

Lors de son apprentissage, l'élève doit d'abord apprendre à soutenir ( c'est une étape fondamentale du travail; c'est en quelque sorte la "première couche"). Plus tard, il devra perfectionner son jeu ( ce sera la "deuxième couche" du travail), en apprenant à utiliser ces dépressions d'air, tout en soutenant par ailleurs.

Le paradoxe, c'est donc qu'il y a un décalage entre ce que l'on fait (couper l'air) et ce que l'on entend (un intervalle parfaitement souple et lié)!

Amusez-vous à découvrir les relations subtiles entre ce que vous ressentez et ce que vous entendez.
Cherchez à être en accord avec votre instrument, sans jamais le forcer ou le contraindre.
...c'est cela que "veut" la clarinette!

Caricature d'Honoré Daumier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire