dimanche 30 janvier 2011

"E lucevan le stelle", Tosca de Puccini

Rome, juin 1800.
Le peintre Mario Cavaradossi a été arrêté. Détenu au château Saint-Ange, un geôlier lui annonce qu'il sera exécuté dans une heure.

Mario demande l'autorisation d'écrire une lettre, "E lucevan le stelle ed olezzava la terra..." (Quand les étoiles brillaient et la terre embaumait), et il pense à Tosca:
"Il a disparu pour toujours, mon rêve d'amour.
L'heure s'est envolée, et je meurs, désespéré !
Et je n'ai jamais autant aimé la vie !"

Voici une des plus belles pages écrites pour la clarinette, profonde et nostalgique, et le chant du ténor, d'une grande beauté:


Tosca, de Giacomo Puccini, d'après la pièce de Victorien Sardou (création à Rome en 1900)

Tosca a tué l'infâme Scarpia, après avoir obtenu le sauf-conduit pour Mario Cavadarossi. Elle annonce à son amant que l'exécution sera feinte.
Mais quand les soldats font feu, il s'effondre.
Trompée par Scarpia qui avait ordonné une véritable exécution, Tosca enjambe le parapet et se jette dans le vide.

samedi 22 janvier 2011

Hommage à Khatchaturian et lezginka

Ceux qui ont vu "Les Bons Becs en voyage de notes" se souviendront du duo évoquant l'Arménie à travers la danse finale de l'Hommage à Khatchaturian de Béla Kovács:



Cette pièce est inspirée d'une danse du Caucase, la lezginka, reprise notamment par Aram Khatchaturian dans son ballet "Gayaneh" et dont voici une version (avec un champion du monde nippon du roulement!) :



On trouve notamment la lezginka en Géorgie et en Arménie. Voici une version plus "rurale" de la Lezginka de Khatchaturian par les roumains du Taraf de Haidouks:



Dans cette danse, les hommes imitent les aigles, avec des pas rapides, des tours vertigineux et des sauts sur les genoux.
Attachez vos ceintures, voici le Georgian National Ballet Sukhishvili:



ça décoiffe!!!

dimanche 16 janvier 2011

Woody Allen et sa clarinette


Tant que l'homme sera mortel, il ne sera jamais décontracté!

Woody Allen

dimanche 9 janvier 2011

Les Contrastes, de Bartók (1)

L’histoire de Contrastes commence en août 1938. Dans une lettre adressée à Béla Bartók, le violoniste Joseph Szigeti officialise la commande, en collaboration avec le clarinettiste Benny Goodman, d’un « duo clarinette-violon, avec accompagnement de piano ».Il souhaite que la pièce comporte « deux mouvements indépendants, pouvant éventuellement être joués séparément (comme la première Rhapsodie pour violon) ».


Béla Bartók (1881-1945)

Par ailleurs, Szigeti fait la demande « d’une durée d’environ 6-7 minutes », « de façon qu’elle puisse être contenue sur un disque 78 tours », le format standard de l’époque. En ajoutant que, « bien-sûr nous espérons qu’elle inclura une cadence brillante pour la clarinette et pour le violon ! ». Szigeti et Bartók, tous deux compatriotes, entretiennent une relation depuis les années vingt. Szigeti est le créateur et dédicataire de la Première Rhapsodie pour violon et piano (1928). Szigeti présente Benny Goodman comme «l’idole mondialement connue de la clarinette jazz », invitant Bartók à ne pas être « effrayé par les disques hot jazz, Goodman ayant aussi enregistré le quintette de Mozart avec le Budapest Quartet ». Szigeti lui assure que « tout ce que peut physiquement une clarinette, Benny peut le faire, et merveilleusement ». Bartók en tiendra d’ailleurs compte, puisque la partition est redoutable techniquement, montant jusqu’au contre-si bémol, et chargée de tant de notes que Goodman trouva que « la partition semblait couverte de chiures de mouches »...

Benny Goodman (1909-1986)

Les Contrastes de Bartók ont été créés au Carnegie Hall de New York le 9 janvier 1939 par les deux dédicataires et Endre Petri au piano. La pièce porte alors le titre de "Rhapsodie pour clarinette, violon et piano", avec en sous-titre "Deux danses".
On perçoit donc clairement la référence aux deux mouvements traditionnels de la Czardas : lassù (verbunkos, danse de recrutement) et friss (sebes, danse vive).

Affiche de la création

Le succès est au rendez-vous.

Voici le témoignage de Szigeti : « Nous avons rejoué le deuxième mouvement parce qu’au cours de la première exécution ma corde de mi s’était cassée. Par le truchement de Benny Goodman, cette première a obtenu dans la presse un retentissement qu’aucun compositeur ou interprète de notre milieu ne pouvait espérer. »

Voici un extrait de la critique du “New York Times” du lendemain: "La pièce est aussi hongroise qu’un goulasch, et Mr Goodman a été assez artiste pour se retenir de toute insinuation au swing. En effet, en considérant qu'il avait probablement quitté la scène du Théâtre Paramount quelques minutes avant d’apparaître sur celle de Carnegie Hall, la pureté de son style, le brillant et la propreté technique ont été particulièrement admirables ».

Le critique a été impressionné par la musique, bien qu’à son avis, "Bartók n’a épargné ni les doigts, ni les oreilles, ni les lèvres des interprètes."

Szigeti, Goodman et Bartók

Au début de 1940, Bartók émigre aux États-Unis. Il plaide pour insérer un mouvement central (noté Intermezzo sur le manuscrit, puis baptisé Pihenö) entre le Verbunkos et la Sebes.

Le compositeur n’est pas convaincu du titre Rhapsodie. Il rejette aussi la proposition de Szigeti et Goodman, d’abord de "Deux Danses" puis "Trois Danses".

C’est finalement le titre de "Contrastes" qui va être retenu.

En 1941, Goodman et Szigeti vont enregistrer le trio avec Bartók lui-même au piano pour le label Columbia Records.

Les Contrastes, de Bartók (2)

Contrastes est écrit pour une combinaison instrumentale peu usitée, imposée bien-sûr par la commande. C’est, dans le catalogue des œuvres de musique de chambre de Bartók, la seule avec un instrument à vent.
Contrastes présente la curiosité d’être un trio pour 5 instruments : clarinette en la, clarinette en si bémol, violon, violon scordatura (accordé sol#, ré, la, mib) et piano.
Bartók n’utilise pas les musiques populaires au sens propre, mais les prend pour modèle spirituel, d’où la couleur fascinante et unique de cette musique, véritable folklore inventé et imaginaire.

Verbunkos : « danse des racoleurs », « danse de recrutement »




Ce mouvement correspond au lassù de la Czardas.
Le verbunkos est traditionnellement une musique dansée par les soldats en uniforme de cérémonie lors des séances de recrutement organisées par l’armée austro-hongroise des Habsbourg au début du XVIIIe siècle.
Dans ce mouvement, Bartók fait référence à différents éléments en rapport avec le folklore hongrois : des rythmes pointés « magyars », le bokazó (cadence rythmique imitant les coups de talon des cavaliers hongrois), l’ambigüité majeur/mineur, une écriture du violon avec des grands sauts d’intervalles, l’ornementation de la tonique ou l’insistance sur l’intervalle de la quarte.
Le traitement harmonique est riche, faisant appel par exemple aux gammes par tons, au mode lydien, à l’échelle octotonique, ou à la polymodalité chromatique.
Ce mouvement fait la part belle à la clarinette avec une cadence à la fin.


Pihenö : « repos », « relaxation »



On trouve dans ce mouvement l’inspiration du son du gamelan indonésien, tout comme dans le dernier mouvement du Concerto pour Orchestre ou De l’île de Bali, dans Mikrokosmos.



Les gammes pentatoniques et des intervalles mélodiques de secondes et de quartes de cette musique, se trouvent être aussi des caractéristiques de la musique folklorique hongroise.

Sebes : « danse rapide »



Elle correspond au friss de la Czardas. Dans ce mouvement, Bartók emprunte au folklore roumain une de ses danses caractéristiques de la région des Maramures, avec ses notes répétées avec appogiatures.
Il emprunte aussi au folklore bulgare le rythme (8+5)/8, lui-même superposition de deux rythmes : (3+2+3+2+3)/8 (au piano) et (1+2+2+2+1+4+1)/8 (à la clarinette et au violon).
C’est cette fois au violon que Bartók destine sa cadence.

Contrastes est une pièce très originale, qui puise son inspiration notamment dans les formes et musiques populaires hongroises, roumaines, bulgares ou du gamelan indonésien.
On peut noter que le contact avec Benny Goodman n’a pas incité Bartók à utiliser le langage du jazz.

Bibliographie: Bartók et le folklore imaginaire de Jean-François Boukobza, éditions Cité de la Musique 2005.

samedi 1 janvier 2011

Les Bons Becs vous souhaitent une joyeuse année 2011

douce et affectueuse,

dans un monde serein et sans violence.

Les Bons Becs au Théâtre Le Ranelagh, 5 rue des Vignes, Paris 16ème,
du 7 janvier au 20 février 2011, du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 12h.