De manière générale, STRAVINSKY distingue nettement "interprétation" et "exécution".
Seul le compositeur peut être l’interprète autorisé de sa musique ; les exécutants doivent se plier à la volonté et aux modèles de l’auteur.
La valeur de l’exécutant est de voir ce qui se trouve réellement dans la partition et non pas « à son obstination d’y chercher ce qu’il voudrait qui y fût ».
Il estime que le meilleur interprète est avant tout un infaillible exécutant, avec la maitrise technique, un sens de la tradition et une « culture aristocratique ».
Le respect du tempo constitue le problème principal : « une de mes œuvres peut survivre à presque n’importe quoi sauf à un tempo faux ou vague ».
Il exige que l’on joue secco, non vibrato, senza espressivo sa musique « uniquement faite d’os ».
Les trois pièces pour clarinette seule ont été composées en 1919 à Morges en Suisse, pour le clarinettiste amateur Werner Reinhart, afin de le remercier d'avoir été le mécène de la première représentation de "l'Histoire du Soldat".
L'œuvre est très soigneusement annotée ; Igor Stravinsky précise que l'interprète doit respecter toutes les respirations, les accents et le mouvement métronomique.
La première pièce rappelle les chants de la période 1913-1915 ; c'est une longue séquence méditative et tranquille, dans la nuance piano, qui utilise le registre grave, profond et mélancolique de l'instrument, souligné par le choix de la clarinette en La.
La seconde est un écoulement scandé par des respirations qui abolit la barre de mesure : elle est rythme pur, complexe, structuré par les interférences des hauteurs, des durées, des accents, du phrasé. Harmoniquement atonale, elle se donne des apparences de tonalité grâce à des pôles de fixation provisoires.
La troisième est agile, canaille, rapide, un jeu diabolique d’accents déplacés et de mètres variables sur des cellules brèves dans le registre aigu de l’instrument. A propos de Ragtime, Stravinsky parle d’un « essai de portrait du jazz » ; peut-être est-ce là aussi le cas.
NB: les citations sont de Stravinsky, la caricature d'Hoffnung.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour votre blog très instructif pour un étudiant clarinettiste comme moi!
Je suis entrain d'étudier ces pièces de Stravinsky et j'ai lu que le clarinettiste David Weber avait créé un ballet autour de ces pièces en 1982, auriez-vous des informations à propos de ça? Je ne trouve que très peu de choses sur le sujet...
Merci d'avance!