mardi 27 juillet 2010

les chemins de l'amour...

Valse chantée,
Musique de Francis Poulenc
Paroles de Jean Anouilh
(1940)

A Yvonne Printemps

Les chemins qui montent à la mer ont gardé de notre passage
Des fleurs effeuillées et l'écho, sous leurs arbres, de notre rire clair.
Hélas ! Les jours de bonheur radieux, de joies envolées,
Je vais sans en trouver trace dans mon cœur.

Chemins de mon amour, je vous cherche toujours,
Chemins perdus vous n'êtes plus et vos défauts sont sourds.
Chemin du désespoir, chemin du souvenir, chemin du premier jour
Divin chemin d'amour.

Si je dois l'oublier un jour, la vie effaçant toutes choses
Je veux qu'en mon cœur un souvenir repose plus fort que notre amour
Le souvenir du chemin où tremblante et toute éperdue
Un jour j'ai senti sur moi brûler tes mains.

Chemins de mon amour, je vous cherche toujours,
Chemins perdus vous n'êtes plus et vos défauts sont sourds.
Chemin du désespoir, chemin du souvenir, chemin du premier jour
Divin chemin d'amour.


samedi 17 juillet 2010

Festival d'Avignon 2010

André Benedetto (1934-2009) fut auteur, directeur de théâtre, et aussi celui qui créa le "off" du festival d'Avignon en 1966.
Voici quelques mots qu'il nous a laissés pour tenter d'expliquer à quoi sert le théâtre:

"Je n'ai jamais eu aucune envie de m'exhiber où que ce soit. Je souhaite passer inaperçu, ne pas attirer l'attention et ne jamais faire aucun bruit.
Je suis prêt cependant à monter chaque soir sur une scène pour m'exposer en pleine lumière devant un public et jouer. Je fais même tout ce que je peux pour cela. Il me semble que (malgré tout!) c'est bon pour ma santé et il me semble aussi que j'ai quelque chose de très intéressant à dire et à montrer à mes congénères.
Quoi exactement je dis et je montre, je ne le sais pas bien et ne peux guère l'expliquer. ça me parait être d'une absolue nécessité. Si nécessaire même qu'il se trouve toujours au moins quelques personnes pour venir me voir et m'écouter.
Ces personnes qui viennent savent peut-être mieux que moi à quoi sert et à quoi leur sert le théâtre.
[...]
Plus la tempête est grande sur la scène, plus le héros est malmené, et plus il sert de phare pour faire le point à tous ces immobiles dans le silence de la salle, très agités à l'intérieur d'eux-mêmes et très désemparés.
Le théâtre, ça les apaise, ça les soulage et ça les éclaire dedans.
On peut alors penser qu'ils deviennent un peu meilleurs tous ensemble."

André Benedetto.


Les Bons Becs en parade au Festival Off d'Avignon 2010.

vendredi 9 juillet 2010

Carl Maria von WEBER et la clarinette

Carl Maria von Weber (1786-1826)

Lors d'un séjour à Munich en 1811, Weber rencontre Heinrich Baermann (1784-1847), clarinettiste solo de la Cour et virtuose de son instrument.

Heinrich Baermann (au centre), entouré de Bernhard Crusell et Simon Hermsted

Pour Baermann, Weber écrit un concertino, 2 concertos, le Grand duo concertant, les variations op.33, et le quintette pour clarinette et cordes op.34.


Quintette op.34, Rondo (extrait), avec le Quatuor Parisii

Élève de Joseph Beer et de Franz Tausch, Heinrich Baermann joue depuis 1809 une clarinette à 10 clés.
Cet instrument lui permet une plus grande vélocité, notamment dans les passages chromatiques, ainsi qu’une meilleure émission dans l'aigu.
Weber a noté dans son journal la remarquable qualité du son de Baermann, son amplitude et son homogénéité dans tous les registres.

Le cœur du quintette est ce très bel adagio ma non troppo, intitulé Fantasia.


Quintette op.34, Fantasia

Cette grande aria était sûrement une page de choix pour Baermann, lui permettant d'exprimer toutes les qualités de son cantabile.
En son temps, il fut surnommé le "Rubini de la clarinette", en référence au ténor italien (1794-1854), grand interprète de Rossini et Bellini.

Rubini (1794-1854)
« Tous les superlatifs sont épuisés ; admirable est faible ; sublime bien pâle ; pyramidal, ébouriffant, sublimissime suffisent à peine… Rubini n’a pas de rival au monde. » Théophile Gautier

Fantasia fait référence au "fantastique", dont l'épanouissement du genre est contemporain du romantisme.
Il se caractérise par le goût du mystère, les scènes oniriques, les monstres, ou encore les ténèbres dans des forêts hantées de fantômes.

Dans le 2ème acte du Freischütz, la Vallée du Loup est le repaire de Samiel, le chasseur fantôme (comprenez, le Diable).
Quand le fantôme de la mère de Max (un forestier) lui apparait, l'exhortant à s'enfuir, des animaux effrayants sortent en rampant des rochers, en crachant des flammes. L'orage éclate, la terre tremble, et un coup de foudre vient clore la scène.



En littérature, un des écrivains emblématiques du genre fantastique est E.T.A. Hoffmann (1776-1822).
Il est notamment l'auteur de contes ( L'Homme au sable, Casse-noisette et le roi des souris), de romans (le Chat Murr) et fut aussi critique musical et compositeur.
Il inspira à Jacques Offenbach un opéra fantastique: les Contes d'Hoffmann.


E.T.A. Hoffmann

Weber à la direction.

Il semble que les qualités musicales appréciées à l'époque de Weber étaient le cantabile, une technique brillante et la maitrise des nuances extrêmes.

Voici quelques mots de Weber à propos de l'interprétation:
« Il n’y a pas de tempo lent qui ne nécessite pas un tempo plus rapide dans certains passages pour éviter la sensation de trainer. Inversement, il n'y a pas de Presto qui ne nécessite pas que certains passages soient joués plus lents, de peur que l'enthousiasme soit aux dépends des moyens d'expression. Chanter implique une certaine fluctuation du battement due à la respiration et l'articulation des mots, qui pourrait peut-être comparée au mouvement des vagues sur le rivage ».

Chez Weber (comme Schubert), « andante » signifie un tempo plus lent que chez Mozart ou Beethoven.

La convention de démarrer les trilles par le haut commence à changer dans les traités vers 1820.

samedi 3 juillet 2010

"Festival des Forêts", à Compiègne.

Voici un festival qui porte bien son nom, puisque l'avant concert était une aubade en pleine forêt, sous la forme d'une joute musicale et amicale, avec le violoncelliste Henri Demarquette.

Comme il se doit pour un festival appelé "Festival des Forêts", je suis venu avec une scie musicale.
Et ce fut l'occasion de jouer en duo une 3ème Gnossienne de Satie improbable, mais tellement bucolique!


Le concert a eu lieu dans l'église de Saint-Crépin aux Bois, avec la pianiste Eliane Reyes.
Après une première partie consacrée à Beethoven, Schumann et Bacri (les 2 sonatines opposées: la sonatina lyrica et la sonatina lapidaria pour clarinette et piano), nous nous sommes retrouvés pour le trio en ré mineur op.3 de Zemlinsky.



Ce trio a été composé en 1896, soit 5 ans seulement après le célèbre trio op.114 de Brahms. Il fut primé à un concours organisé par la Tonkünstlerverein de Vienne.

Alexander von Zemlinsky (1871-1942), en compagnie du compositeur Arnold Schoenberg, son ami et beau-frère.

La référence à Brahms est évidente, comme par exemple dans l'épisode central de l'andante, avec les tremolos qui ne sont pas sans rappeler le passage "alla ungarése" du quintette avec clarinette op.115 de Brahms.


Petite photo d'après concert, avec les interprètes et Nicolas Bacri.
Les autres compositeurs étaient excusés.