vendredi 9 juillet 2010

Carl Maria von WEBER et la clarinette

Carl Maria von Weber (1786-1826)

Lors d'un séjour à Munich en 1811, Weber rencontre Heinrich Baermann (1784-1847), clarinettiste solo de la Cour et virtuose de son instrument.

Heinrich Baermann (au centre), entouré de Bernhard Crusell et Simon Hermsted

Pour Baermann, Weber écrit un concertino, 2 concertos, le Grand duo concertant, les variations op.33, et le quintette pour clarinette et cordes op.34.


Quintette op.34, Rondo (extrait), avec le Quatuor Parisii

Élève de Joseph Beer et de Franz Tausch, Heinrich Baermann joue depuis 1809 une clarinette à 10 clés.
Cet instrument lui permet une plus grande vélocité, notamment dans les passages chromatiques, ainsi qu’une meilleure émission dans l'aigu.
Weber a noté dans son journal la remarquable qualité du son de Baermann, son amplitude et son homogénéité dans tous les registres.

Le cœur du quintette est ce très bel adagio ma non troppo, intitulé Fantasia.


Quintette op.34, Fantasia

Cette grande aria était sûrement une page de choix pour Baermann, lui permettant d'exprimer toutes les qualités de son cantabile.
En son temps, il fut surnommé le "Rubini de la clarinette", en référence au ténor italien (1794-1854), grand interprète de Rossini et Bellini.

Rubini (1794-1854)
« Tous les superlatifs sont épuisés ; admirable est faible ; sublime bien pâle ; pyramidal, ébouriffant, sublimissime suffisent à peine… Rubini n’a pas de rival au monde. » Théophile Gautier

Fantasia fait référence au "fantastique", dont l'épanouissement du genre est contemporain du romantisme.
Il se caractérise par le goût du mystère, les scènes oniriques, les monstres, ou encore les ténèbres dans des forêts hantées de fantômes.

Dans le 2ème acte du Freischütz, la Vallée du Loup est le repaire de Samiel, le chasseur fantôme (comprenez, le Diable).
Quand le fantôme de la mère de Max (un forestier) lui apparait, l'exhortant à s'enfuir, des animaux effrayants sortent en rampant des rochers, en crachant des flammes. L'orage éclate, la terre tremble, et un coup de foudre vient clore la scène.



En littérature, un des écrivains emblématiques du genre fantastique est E.T.A. Hoffmann (1776-1822).
Il est notamment l'auteur de contes ( L'Homme au sable, Casse-noisette et le roi des souris), de romans (le Chat Murr) et fut aussi critique musical et compositeur.
Il inspira à Jacques Offenbach un opéra fantastique: les Contes d'Hoffmann.


E.T.A. Hoffmann

Weber à la direction.

Il semble que les qualités musicales appréciées à l'époque de Weber étaient le cantabile, une technique brillante et la maitrise des nuances extrêmes.

Voici quelques mots de Weber à propos de l'interprétation:
« Il n’y a pas de tempo lent qui ne nécessite pas un tempo plus rapide dans certains passages pour éviter la sensation de trainer. Inversement, il n'y a pas de Presto qui ne nécessite pas que certains passages soient joués plus lents, de peur que l'enthousiasme soit aux dépends des moyens d'expression. Chanter implique une certaine fluctuation du battement due à la respiration et l'articulation des mots, qui pourrait peut-être comparée au mouvement des vagues sur le rivage ».

Chez Weber (comme Schubert), « andante » signifie un tempo plus lent que chez Mozart ou Beethoven.

La convention de démarrer les trilles par le haut commence à changer dans les traités vers 1820.

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