Les "rimes millionnaires" (ainsi nommées parce que très riches) sont aussi appelées "vers holorimes", "rimes totales" ou encore "pantorimes".
Ce sont des vers qui riment sur toute leur longueur.
En voici un exemple:
Et vite, elle a, cette lavande hier
Hélas! sa beauté laissée choir.
Évitez-la, cette lavandière,
Elle a saboté les séchoirs.
(Et vite, elle a... devient: Évitez-la...)
ou encore:
Au Café de la Paix, grand-père,il se fait tard;
Oh! qu'a fait de la pègre en péril ce fêtard?
A voix haute, ces phrases sont rendues intelligibles par le regroupement des syllabes donnant sens au mot, la ponctuation (et la temporisation qu'elle implique) ainsi que l'articulation.
Philippe Geluck, Le chat, éditions Casterman.
Ce qui est rendu plus difficile dans les fameux "trompe-oreilles":
La pie niche haut, l'oie niche pas.
Mais où niche l'hibou?
L'hibou niche ni haut ni bas.
A lire, ceci ne pose aucun problème. Mais à voix haute, les trompe-oreilles donnent jusqu'à l'impression de ne pas être du français, ou de vouloir dire autre chose:
Sous un arbre, vos laitues naissent-elles?
(Sous un arbre volait une Estelle)
Ricardo Güiraldes (1886-1927)
La ponctuation implique une temporisation dans le débit du texte.
L'écrivain argentin Ricardo Güiraldes (1886-1927) avait proposé de remplacer toute la ponctuation par les signes musicaux (toute la gamme des silences et points d'orgues, mais aussi les nuances et signes d'expression).
Car la ponctuation amène aussi l'expression, avec notamment le point d'exclamation ou les points de suspension.
En 1966, Hervé Bazin utilise dans Plumons l'oiseau, le nouveau "point d'ironie" (inventé par Alcanter de Brahm) et suggère de se servir d'autres signes de ponctuations qu'il appelle "points d'intonation": point exclarrogatif, de doute, d'acclamation, d'autorité, d'amour ou d'indignation.
En musique, le bon placement des respirations est essentiel pour la compréhension des phrases.
Voici un extrait de la 1ère pièce pour clarinette seule de Stravinsky:
3 pièces pour clarinette seule, Igor Stravinsky, éditions Chester.
La première respiration après seulement 3 temps n'est bien-sûr pas une nécessité physique. Mais cette césure permet de dissocier et mettre clairement en évidence les 2 membres de la phrase (nommons les A et B). Le demi-soupir la conclut.
La phrase suivante reprend les notes de A et B (à l'exception du sol#).
Et là, c'est l'articulation (grâce aux 2 liaisons) qui permet de rendre intelligible la construction.
A condition que l'interprète la donne à entendre clairement!
Voici un extrait de la 2ème pièce:
3 pièces pour clarinette seule, Igor Stravinsky, éditions Chester.
Sans la respiration, l'auditeur aura peut-être du mal à identifier les deux motifs différents, et la musique s'en trouvera plus confuse.
A force de travailler la partition, le découpage des phrases devient évident. Gardons à l'esprit qu'il est nécessaire de le donner clairement à entendre aux auditeurs, dont certains découvrent l'œuvre pour la première fois.
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