samedi 23 octobre 2010

Denisov, sonate pour clarinette seule.

Edison Denisov est né en 1929 à Tomsk en Sibérie et mort à Paris en 1996. Après la découverte des musiques de Schoenberg, Berg et Webern (grâce à des musiciens de passage en URSS comme Glenn Gould), il fonde un groupe d'avant-garde avec notamment Schnittke et Goubaïdoulina.

Edison Denisov avec Pierre Boulez
En 1972, il écrit la sonate pour clarinette seule, en 2 mouvements.
Le premier mouvement lento e poco rubato utilise les micro-intervalles (en l'occurrence, les quarts de tons):

répartis ainsi dans un ton:

Tout comme un la b est pareil à un sol #, un la 3/4 b sera la même note qu'un sol 1/4 #
Un intervalle juste (quarte, quinte ou octave) sur lequel on applique la même altération à chaque note conserve la même qualification. Ce qui signifie que l'intervalle suivant:

est une quarte juste, ainsi que dans l'exemple suivant:

Je vous rappelle que ces intervalles "justes" sont particulièrement sensibles pour l'intonation.

L'utilisation des micro-intervalles par Denisov amène de l'expression. "L'élément primordial dans ma musique est le lyrisme" nous dit Denisov.
Ce mouvement est une longue plainte, lointaine, qui se développe vers un cri déchirant dans son 2ème tiers.
Le jeu dynamique est essentiel.
L'écriture rythmique est complexe, et produit paradoxalement le sentiment d'une improvisation.

(Notez que dans l'édition russe de l'extrait ci-dessus, la 2ème note du 7:6 est altérée 1/4 b.)

Si le premier mouvement est une plainte, le deuxième mouvement est une fuite.

Cet allegro giusto s'articule autour d'une note pivot répétée (sib écrit):


à côté de laquelle se développe deux plans principaux:

- fuyant, mélangeant les notes conjointes et intervalles de quarte:


- éclaté et violent, avec des groupes en chromatismes inversés (dans l'exemple ci-dessous, le groupe comprend les notes de la gamme chromatique du ré au sol), dont les notes explosent dans des mouvements extrêmement disjoints et des nuances très contrastées:

A la fin, ces éléments se mélangent, se désagrègent, se délitent, comme une fuite jusqu'à bout de souffle.

Extraits de la partition de la sonate de Denisov, édition Breitkopf & Härtel.

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