" La montagne et les Coréens ne font qu'un. Avec 70% de zones montagneuses, peu de chances de rester sur du plat. Partout des vallons, des collines, des montagnes en vagues successives, en échos répétés. Où que vous soyez, la terre ne reste pas plate: elle s'élève et mange une partie du ciel."
"D'innombrables sentiers sillonnent les montagnes et ,sur ces sentiers, la foule de randonneurs, un peuple itinérant, celui des habitués du deungsan. Ce mot, qui veut tout simplement dire "monter" (deung) à la "montagne" (san), renvoie à une activité à mi-chemin entre la randonnée et l'escalade professionnelle. Le deungsan c'est une promenade mais une promenade de tous les efforts, un sport de l’extrême, la norme en Corée. Les "deungsaneurs" sont nombreux à Séoul, capitale idéale pour qui aime faire de la randonnée. Depuis son expansion au sud du fleuve Han dans les années 1970, Séoul a pris dans ses filets une multitude de montagnes qui sont devenues des lieux de rendez-vous pour des milliers de marcheurs."
Bukhansan National Park, Séoul
" Les Coréens qui marchent en montagne le font en tout premier lieu pour la santé, soit qu'ils veuillent la garder, soit qu'ils désirent la retrouver. Ils se plongent dans la nature et se laissent pénétrer par le ki (énergie vitale) qui se dégage de la terre, des rochers et des arbres."
Séoul, vu des "montagnes du nord"
" Quand ils partent en randonnée, les Coréens ont toujours un parcours en tête comportant un nombre précis de kilomètres à couvrir dans un temps déterminé pour que l'effort physique fourni ait un effet bénéfique. Jamais ils ne se lancent avec l'idée qu'ils rencontreront peut-être un paysage exceptionnel qui leur donnera envie de s'arrêter et de passer quelques heures sur place à ne rien faire. En résumé, on va en montagne pour marcher et, si on n'aime pas la marche, on ne va pas en montagne."
"Quand on habite Paris, on se promène au bois de Boulogne ou au bois de Vincennes. Quand on habite Séoul, on grimpe dans les montagnes de Bukhansan, d'Inwangsan, de Namsan, de Myeongjisan, de Cheong-gyesan, pour n'en nommer que quelques-unes. A la promenade tranquille s'oppose la marche intrépide. A la nonchalance, la vivacité. Le sourire moqueur que l'on pourrait avoir aux lèvres à la vue des centaines d'"alpinistes" sortant des bouches de métro, équipés jusqu'aux dents comme s'ils partaient à la conquête du Mont-Blanc ou d'un sommet caché de l'Himalaya disparait lorsque, en l'espace de quelques minutes, on se voit distancé de plusieurs dizaines de mètres par ces marcheurs endurcis. Le froid, la neige, la pluie, la chaleur, rien ne les arrête. Et plus les conditions météorologiques sont dissuasives, plus grande est leur détermination."
Hyangnobong Peak, Séoul
" En Corée, rien de plus festif que l'après deungsan. Après l'effort physique, le défoulement des sens. Quand on est coréen, on ne prolonge pas une journée de marche par une soirée contemplative à admirer la voûte étoilée du ciel pas plus qu'on ne la conclut par la lecture tranquille d'un ouvrage, confortablement assis dans un bon fauteuil. Au contraire, le corps exulte et l'on est prêt à s'enivrer des plaisirs de la vie, à faire la fête autour d'un verre de makgeolli (alcool de riz fermenté, doux et laiteux) ou de soju."
Texte extrait de "Scènes de vie en Corée" de Martine Prost, L'Asiathèque 2011.
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