"Il y a trois mots pour exprimer
l'émotion esthétique au Japon, trois mots qui étaient là bien avant les
premiers contacts avec la civilisation chinoise, c'est dire à quel point
ils sont enracinés dans la sensibilité japonaise.
Ces trois mots -kuwashi, kiyoshi et utsukushi- expriment chacun à leur
manière le sentiment du beau tel que le ressentent les japonais depuis
la nuit des temps."
photo prise au Japon vers 1920, ©lechronoscaphe |
Quant au mot kiyoshi, il exprime le beau à travers la pureté. C'est l'absence de souillure et de nuisible qui génère le beau. Une esthétique de l'espace vierge -non pas vide- où le moindre objet, le moindre mouvement se détache dans toute sa magnificience. Ainsi les paravents japonais qui présentent fleurs, herbes ou oiseaux isolés de leur milieu, sur des fonds unis d'or ou d'argent ( ni terre, ni ciel, ni champ), ou encore les mouvements tout en retenue du théâtre nô.
Le mot utsukushi se traduit aujourd'hui par l'équivalent du mot " beau" en français. Il y a dans ce terme une dimension affective que les deux autres ne recouvrent pas, désignant quant à eux la qualité purement esthétique. C'est la beauté du mono no aware, "l'émouvante intimité des choses" qui exprime le caractère de la poésie japonaise. "
Texte extrait de "Japon Miscellanées", de Chantal Deltenre et Maximilien Dauber, aux éditions Nevigata Kimono
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