vendredi 26 février 2010

Les clarinettes ont un mi bienvenu, que les flûtes font en ré.

Voici le solo de clarinette au début du deuxième mouvement du concerto pour violon de Beethoven:


La partie est notée "in C", c'est-à-dire "en ut".
Quand le nombre de clés sur une clarinette était réduit, jouer dans des tonalités de plus que 2 dièses ou 2 bémols était quasiment impossible.

Dans ce mouvement, la tonalité principale de sol Majeur était à l'époque plus facile à jouer "en ut".
Les autres mouvements, dans la tonalité principale de Ré Majeur (2#), sont-eux écrits pour clarinette en la, soit en fa Majeur (1 bémol).




Aujourd'hui, il est rare de jouer ce solo avec la clarinette en ut; on choisit souvent de transposer.
Si on joue ce solo en sib, la clarinette sera "froide", ce qui peut poser des problèmes d'intonation. En ce qui me concerne, je trouve donc la clarinette en la plus appropriée.

Transposition:

Si on prend la clarinette en sib, il faut lire un ton au-dessus (en clé d'ut 3) et ajouter 2# à l'armure.
Ainsi, dans ce cas, il y aura 3# à la clé: 1#+2#=3#

Si on prend la clarinette en la, il faut lire une tierce mineure au-dessus (lire en clé de fa, 2 octaves plus haut) et ajouter 3b à l'armure.
Dans ce cas, il y aura 2b à la clé: 1#+3b=2b

Il faudra bien-sûr prendre en compte les altérations accidentelles.

vendredi 19 février 2010

Morricone, by Ukulele Orchestra of Great Britain






Photo souvenir avec Eliane Reyes, Maestro Rendine, Maestro Morricone, et votre serviteur, après un concert à Rome le 19 janvier dernier.

vendredi 12 février 2010

vendredi 5 février 2010

Debussy, Première Rhapsodie pour clarinette et piano

« Le génie musical de la France, c’est quelque chose comme la fantaisie dans la sensibilité » . Debussy

En 1909, Claude Debussy (1862-1918) est élu membre du Conseil Supérieur du Conservatoire de Paris, et écrit le morceau de concours de l’année 1910: la "Première Rhapsodie", pour clarinette et piano, une pièce poétique, capricieuse et brillante.

Claude Achille Debussy

Debussy est attaché à la beauté du son et des timbres.
Il cherche un style français avec des « qualités de clarté et d’élégance », une « tradition française faite de tendresse délicate et charmante ».

Comme pianiste, il travaille la sonorité, veillant au moelleux des graves, guettant la résonance des harmoniques dans l’espace.

Dans la Rhapsodie, il demande de jouer "doux et expressif", puis "doux et pénétrant".
Dans La cathédrale engloutie, il note: "profondément calme", et "dans une brume doucement sonore".

Debussy comme Fauré, est le musicien de la litote et du pianissimo, des demi-teintes et du demi-jour ; mais il sait aussi laisser les passions se déchaîner, comme le montre le tourbillon final de la rhapsodie.

Debussy et Satie

Une interprétation dans le "style français", passe donc par la qualité des nuances, la clarté et la précision de l'articulation, la variété des couleurs du son, ainsi qu'un phrasé souple dans un jeu raffiné et élégant mais aussi brillant et virtuose.

A propos de la souplesse dans le tempo, Debussy lui-même disait sous forme de boutade que, à la façon des roses qui fleurissent l’espace d’un matin, les chiffres métronomiques ne sont utiles que pour une seule mesure, la première !

Voici quelques commentaires de ses contemporains sur son jeu :

« Debussy possédait un Bechstein droit et un petit Blüthner à queue à résonance sympathique. Parmi les Erard, il préférait les instruments de facture ancienne à cordes parallèles, qui étaient tout aussi splendides de timbres, mais d’une précision et d’une légèreté de mécanique merveilleuses. C’est le piano qu’il choisi pour présenter ses Préludes. Debussy produisait une magie sonore identique à celle d’un Gieseking. Il n’y avait rien d’imprécis ni de distendu. C’était exact, rythmiquement. Mais Debussy y ajoutait un caractère, un mordant, quelque chose de bourdonnant, de sauvage, de tigre, que nos contemporains ne possèdent pas ». Lazare-Lévy


« Pianiste incomparable ! Comment oublier la souplesse, la caresse, la profondeur de son toucher ? En même temps qu’il glissait avec une douceur si pénétrante sur son clavier, Debussy le serrait et en obtenait des accents d’une extraordinaire puissance expressive. Là résidait sa technique spéciale, cette douceur dans la pression continue et les couleurs qu’il en obtenait. Il avait une sonorité pleine et intense, sans aucune dureté dans l’attaque ». Marguerite Long


Debussy et Stravinsky

Debussy veut une musique faite pour l’inexprimable:

« La musique n’est pas bornée à une représentation de la nature, mais aux correspondances entre la nature et l’imagination », vers un « paysage intérieur », un « monde subjectif ».

Il place les titres des Préludes pour piano à la fin de chaque morceau, après la musique, comme pour suggérer et non imposer. Les titres (Danseuses de Delphes, Le vent dans la plaine, Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir, La cathédrale engloutie, etc.) ne sont pas à prendre au premier degré; ils sont seulement une invitation à déployer son imagination, une incitation à la rêverie, comme un "catalyseur" de l'inspiration.

Ainsi, d'après Ansermet, pour « La Mer », « la musique éclaire le titre du morceau plus encore que ce titre ne l’éclaire ».


Au piano, Debussy prend de grandes libertés avec son propre texte. Dans les Nocturnes, il hésite tout simplement entre plusieurs corrections et aurait fini par dire : « Prenez celles qui vous sembleront bonnes ! ». Plusieurs exemplaires, ceux de Toscanini ou d’Ansermet, portent des corrections autographes différentes. Pour Debussy, une œuvre n’est jamais définitivement achevée.





Au-delà de certaines ambiguïtés concernant aussi la Première Rhapsodie, voici quelques corrections pour l'édition Durand:

- Dans la première mesure de l'extrait suivant, il manque le point après la blanche, ainsi que l'indication "scherzando":

- Le dernier groupe de notes en levée du chiffre 5, est un sextolet de doubles croches:


- 4ème mesure après le chiffre 5, diminuendo.

- Dans la deuxième mesure de l'extrait suivant, le "do" double-croche est joué "bécarre".
Cinquième mesure, il faut jouer le rythme tel que corrigé ici:

- Le premier groupe de triples-croches de la deuxième mesure de l'extrait suivant, doit être joué "crescendo":



Personnellement, j'ai une préférence pour l'édition Peters, qui propose une mise-en-page beaucoup plus pratique pour la "tourne".
Et, avec en prime, la "Petite pièce", un charmant "déchiffrage" écrit par Debussy pour le Conservatoire de Paris.

Dans cette dernière édition, il manque toutefois les "grands chiffres" qui découpent la pièce chez Durand (comme le chiffre "12" ci-dessous); mais il suffit de les reprendre.

Par ailleurs, il faut changer les notes de la 5ème mesure après "12", en faveur de celles ci-dessous, proposées chez Durand:


Pour finir, voici un livre passionnant sur Debussy et son œuvre, que je vous recommande:

Claude Debussy, Le plaisir et la passion, Gilles Macassar et Bernard Mérigaud

Et puis le conseil de Debussy lui-même:
"Je ne vois pas la nécessité de se mettre les méninges en révolution pour devenir "debussyste" : je crois seulement qu’il s’agit d’avoir un peu de goût".

vendredi 29 janvier 2010

mots-forgés 1

détail, musée du Vatican

Il l’emparouille et l’endosque contre terre;
Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine
Le manage rape et ri et rape à ra.
Enfin, il l’écorcobalise.
L’autre hésite, s’espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C’en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s’emmargine...mais en vain
Le cerveau tombe qui a tant roulé.
(...)

Henri Michaux « le grand combat »

détail, cathédrale d'Amiens


mots-forgés 2



J’ai rencontré ce matin le mot omphalopsyque dans un texte anodin.
Qui a jamais su ce que signifiait omphalopsyque ? Si ça a des pattes ou des ailes, si ça mange, si ça boit, si c’est européen. Il a fallu que je cherche dans le Larousse (en deux volumes), et j’ai vu : « hésichiate »...
L’omphalopsyque est tout bonnement un hésichiate.
Alors pourquoi ne pas le dire tout de suite ?
Heureusement, il y a les dictionnaires.

Alexandre Vialatte.

vendredi 22 janvier 2010

Knowledge of English is vital in today's fast moving world

Si vous comprenez cette phrase, bravo!
Votre anglais vous rendra sûrement de grands services.
...sinon, il n'est jamais trop tard pour vous y mettre!

Certains lecteurs se sont émus que Tintin parle en anglais dans les articles consacrés à l'intonation (septembre 2009)...alors voici pour leur faire plaisir:



...et la version anglaise, dont la traduction vous apportera une raison supplémentaire de vous offusquer!



Oh my God!

vendredi 15 janvier 2010

La fanfare de Bangui, itinéraire enchanté d'un ethnomusicologue

Ça commence comme un roman d'aventures: un coup de fil du ministère des Affaires étrangères israélien propose en 1963 à un corniste de l'orchestre symphonique de la radio de partir en République centrafricaine, dans le cadre d'un programme de coopération: le président centrafricain veut une fanfare...



Il n'y aura jamais de fanfare. Mais Simha Arom découvre des musiques extraordinaires, notamment celle des pygmées et il est immédiatement bouleversé: " je sentais que leur musique venait du fond des âges, mais aussi, d'une certaine manière, du plus profond de moi-même. Pourtant, je ne pouvais les connaitre, n'ayant jamais rien entendu de semblable. C'était affolant. Comment ces musiciens faisaient-ils? J'en étais tout ahuri."



Pour comprendre, Simha Arom va faire un long périple en Centrafrique. Il va inventer de nouvelles méthodes de recherche, créer un musée des Arts et traditions populaires, multiplier les enregistrements.
Il deviendra un ethnomusicologue de réputation mondiale.

"En m'offrant une ouverture sur un monde vivant et sensible, comme sur des modes de pensée si différents, l'Afrique fut à bien des égards une vaste source d'enseignements et d'enrichissement".

La Fanfare de Bangui, Simha Arom,
éditions Les empêcheurs de tourner en rond/ La découverte
(livre)

Pierre-Laurent Aimard et Simha Arom, Ligeti/Reich: African Rhythms, Teldec Classics (disque)

lundi 4 janvier 2010

Deviens celui que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Nietzsche.


En septembre dernier, j'ai eu l'honneur d'être invité en tant que membre du jury pour le concours d'entrée en 3ème cycle supérieur du CNSMD de Paris.

Ce 3ème cycle supérieur est la dernière étape dans la mise en place du système Licence Master Doctorat (LMD): il s'agissait donc du concours d'entrée en Doctorat d'Interprète (en 3 ans) et pour le Diplôme d'Artiste Interprète (en 1 an).


Le concours était en deux étapes: l'épreuve instrumentale et la présentation d'un projet personnel.

Je vous invite à lire l'article "Musique et 3ème cycle" dans le "journal du Conservatoire" sur:
http://www.cnsmdp.fr, puis "conservatoire", "journal", "automne 2009, op.80"

...puis à vous interroger sur la mise en œuvre de votre premier projet personnel, ou la bonne réalisation de celui en cours!

photo Jacques Torregano

Voici tout d'abord une réflexion sur la créativité.

L'état créatif, est un état dans lequel il convient de cultiver:

-le « domaine » : s’ouvrir, écouter, observer, goûter, apprendre, admirer, échanger, se laisser surprendre, et recueillir toutes ces informations.

-la « personne » : cultiver cet état pétillant de la créativité, avec ce mélange paradoxal de fantaisie et de discipline, d'imagination et de sens pratique.

-les « critères de jugement » : accueillir toutes les idées qui passent, puis savoir en faire le tri avec objectivité et sans préjugés.


photo Jean-Claude Coutausse

Lorsque vous avez "planté la graine fertile de votre projet dans l'idéosphère" (cf. article dans ce blog du 11 novembre 2009), observez ces 5 phases du processus créatif:

-documentez-vous (préparation, immersion)

-laissez venir toutes les idées, sans préjugés (incubation)

-sachez sentir si une idée mérite d’être développée (évaluation)

-distinguez l’idée forte: c'est la ligne directrice du projet!

-passez à l’élaboration concrète (étape du travail et de la transpiration dans laquelle il convient de rester attentif aux nouvelles idées, aux intuitions, d'être souple et ouvert, et de rester vigilant sur les objectifs).


Voici quelques éléments déterminants à observer :

-votre objectif doit rester toujours clair: il est nécessaire d'évaluer chacune des étapes , et de corriger les mauvaises orientations.

-trouvez l'équilibre entre les difficultés de l’entreprise et votre capacité à la mener à bien (c'est-à-dire à la fois de ne pas se restreindre, tout en restant dans les limites du possible; ainsi la peur de l’échec disparaîtra)

-faites en sorte que votre projet soit pour vous une source de plaisir!




"L’avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre" Antoine de Saint-Exupéry.