jeudi 30 juillet 2009

à propos du détaché...

Le détaché s'effectue avec la pointe de la langue sur la pointe de l'anche en prononçant "tu".

Cela parait simple et évident, mais beaucoup ne le font pas vraiment...
Et les problèmes de détaché sont la plupart du temps dûs à une mauvaise position (la langue travaille trop loin de sa pointe ou/et trop loin de la pointe de l'anche).
Une mauvaise position sur l'anche produira une "consonne d'articulation" empâtée. Une bonne position de la langue produira un détaché clair, net et précis .

Essayez d'abord d'observer comment vous faites le détaché. Au besoin, fermez les yeux et ressentez avec précision la place de la langue sur l'anche pour chaque note de l'exercice suivant:


Si cet "état des lieux" met en évidence un mauvais placement, changez.

Le soutien de l'air est fondamental. Dans cet exercice, les noires doivent être jouées avec le son bien droit et sans couper ni diminuer avant les doubles croches.
Il est toujours bon de jouer d'abord legato (pour s'assurer du soutien) avant de le jouer staccato, en prenant soin de souffler de la même manière, avec le travail de la langue en plus.

La première étape du travail est qualitative. Respectez "consciemment" tous les critères mentionnés ci-dessus (position de la langue sur l'anche, soutien de l'air, qualité de l'articulation) ainsi que, bien-sûr, les 4 règles fondamentales de l'embouchure et du calme.
Écoutez-vous, et corrigez. La tessiture aigüe est impitoyable mais révélatrice:
-le détaché est dur? allégez la pression de la langue.
-le détaché n'est pas en face (la note arrive "par dessous")? corrigez l'embouchure (elle ne doit pas bouger).

Pendant l'exercice, il convient d'observer les 3 pressions de l'embouchure:
-pression de l'air
-pression de la lèvre sur l'anche
-pression de la langue sur l'anche (plus ou moins dure, en relation avec l'articulation recherchée: lourée, perlée, incisive, légère...)
Écoutez, observez, ressentez, puis explorez...et corrigez!

L'étape suivante sera la recherche de la vitesse. Avec l'aide du métronome, montez progressivement la vitesse, sans aller au-delà de vos possibilités du moment: laissez le temps travailler pour vous! Chaque jour, repartez d'un tempo lent et montez cran par cran.

Cerise sur le gâteau, le dernier "mi" de l'exercice est joué long et diminué... petit exercice de "son filé", sur une note délicate...c'est toujours bon à prendre!

NB: si vous jouez l'exercice dans un tempo lent, il faudra adopter un autre type de staccato: le "détaché rebondi" (qui sonne: "pam", celui à adopter par exemple pour le motif scherzando autour du chiffre "7" de la Rhapsodie de Debussy).
Dans ce cas, le ventre travaille en plus de la langue, pour souffler chaque note et créer une résonance (et s'approcher d'un pizzicato).

Inutile de vous acharner sur le détaché pendant des heures...10 minutes par jour, tous les jours, seront bien plus profitables!
Une fois l'exercice ci-dessus assimilé, faites le même travail sur un passage du répertoire (par exemple dans le concerto de Nielsen, le scherzo du Songe d'une nuit d'été, etc...).

Pas facile de parler du détaché de manière générale...mais ces conseils pourront peut-être vous aider à avancer.
A vous de jouer!

lundi 27 juillet 2009

couleurs

terre de Sienne , terre d’ombre...bleu d'outremer, bleu de Prusse, lavande, lilas, cobalt, lapis-lazuli...

rouge cinabre, vermillon, vif, sanguine, sang de dragon, rubis , magenta, carmin...jaune giallorino, ocre, orpiment, réalgar, safran...vert émeraude...


Les théoriciens se sont habitués à distinguer 12 couleurs disposées autour du cercle chromatique :

Du jaune au violet : safran (ou cadmium), orange, capucine, rouge, grenat (ou pourpre).

Du violet au jaune : indigo (ou campanule), bleu, turquoise (pierre fine opaque de couleur bleu ciel à bleu-vert), vert, soufre (jaune citron).


3 couleurs primaires : jaune, rouge, bleu (aucun mélange ne peut les produire).

3 couleurs secondaires, couleurs composites, résultant du mélange de deux couleurs primaires : violet (bleu+rouge), vert (bleu+jaune), orange (jaune+rouge).

2 « non couleurs », le noir et le blanc, les termes extrêmes de l’échelle chromatique. Le blanc est la combinaison optique de toutes les lumières du spectre (le gris pour la peinture), le noir résulte de l’absorption de toutes ces lumières.




Les couleurs complémentaires sont une couleur secondaire avec la couleur primaire qui n’en est pas composante : bleu/orange, vert/rouge, jaune/violet.

Les couleurs complémentaires sont celles diamétralement opposées sur le cercle chromatique.

Voisines, elles forment le plus grand contraste chromatique possible (« loi du contraste simultané » selon Chevreul) ; elles s’exaltent à au plus grand degré d’intensité visuelle.

Observez l'objet rouge ci-dessous pendant une minute, puis fixez l'œil à côté, sur une partie blanche; une autre image va apparaitre, mais dans une autre couleur, celle de la complémentaire (vert en l'occurrence):




Mélangées, elles se détruisent et donnent un gris neutre (achromatisme).

Dosées avec prudence, ces propriétés permettent de « rabattre » un ton jugé trop vif, autrement dit à rompre son éclat ; un peu de rouge dans un vert en atténue la force, ce qui peut être appréciable dans un paysage.

« Les complémentaires se soutiennent jusqu’au triomphe, ou se combattent jusqu’à la mort ».

Les couleurs « chaudes » : du jaune au rouge en passant par l’orange.

Les couleurs « froides » : du violet au vert en passant par le bleu.








"Synchronie" de Macdonald-Wright, 1914


La synesthésie consiste à associer spontanément des sensations de nature différentes, mais qui semblent se suggérer l’une l’autre (des couleurs sur les sons, ou du goût sur les formes).


Musique et peinture ont failli s’épouser avec Prométhée de Scriabine (1910). Cette pièce devait marquer la fusion des arts et des sens. Au gros orchestre flanqué d’un orgue, d’un piano et d’un chœur aurait répondu un clavier de lumières projetant sur un écran des couleurs censées correspondre aux coloris harmoniques : do=rouge, sol=orange, ré=jaune brillant, la=vert, mi=blanc. On imputa à la défaillance de la machine l’échec de la tentative.


Messiaen déclare avoir été très influencé par les tableaux et tapisseries de Robert Delaunay, par leurs contrastes simultanés, par Charles Blanc-Gatti, « peintre des sons ».

Messiaen est atteint de "synopsie" ou de "synesthésie" : il voit des couleurs de plus en plus claires vers les sons aigus et de plus en plus sombres vers les graves.

Il décrit certaines harmonies du "Quatuor pour la Fin du Temps" comme « cascades d’accords bleu-orange », « énormes blocs de pourpre », « fouillis d’arcs-en-ciel » ou « les coulées de lave bleu-orange »: « Lorsque j’entends de la musique, je vois intérieurement des complexes de couleurs correspondant aux complexes de sons. »


Messiaen rangeait Debussy parmi les compositeurs colorés, au côté de Monteverdi, Mozart, Moussorgski, Wagner et Stravinsky.

Il avait une passion pour le violet et s’indignait que, lors d’une représentation d’un Pélléas et Mélisande dirigé par Boulez, Pélléas fût en costume rouge : « quelle erreur ! Un décorateur doit écouter la musique ! ».


Autres synesthètes : Baudelaire, Nabokov, Kandinsky





Arthur Rimbaud, Paris 1872

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
-O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Arthur Rimbaud
« J’ai cru voir, parfois j’ai cru sentir de cette façon ».




vendredi 24 juillet 2009

l'art de dire sans dire vraiment, pour qui sait lire entre les lignes ...

...ou une ligne sur deux pour cette lettre de George Sand à Alfred de Musset...:

Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
dont vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.


...ou pour faire apparaitre l'esprit de Napoléon sur l'île de Ste Hélène...
...à l'endroit comme à l'envers:

mercredi 22 juillet 2009

Il est nécessaire d’espérer pour entreprendre, mais il n’est pas nécessaire de réussir pour persévérer.



Traitez les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être.
Goethe.



Photo Armour Veer Tony

mardi 21 juillet 2009

21 juillet



Si je mourais là-bas...

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

a nuit descend
n y pressent
n long destin de sang

Guillaume APOLLINAIRE,
Poèmes à Lou

(poème composé en janvier 1915
)



Clotaire, en 1915

lundi 20 juillet 2009

20 juillet


Site exceptionnel avec vue imprenable.


Calme et ensoleillé, sans vis-à-vis (premiers voisins à 380400 Km).



Pas de commerces à proximité.


mercredi 15 juillet 2009

« J’avais découvert le secret éternel de tout grand art et même, à vrai dire, de toute production humaine :

...la concentration, le rassemblement de toutes les forces, de tous les sens, la faculté de s’abstraire de soi-même, de s’abstraire du monde, qui est le propre de tous les artistes.» S.Zweig (observant Rodin).


Le monde d'hier, commence avant 1914 à Vienne et en Europe, là où Stefan Zweig a grandi, passionnément lu, écrit et voyagé, lié amitié avec Freud et Verhaeren, Rilke et Valéry.
Et après, viendront les années terribles.
Le monde d'hier est un livre-témoignage bouleversant: celui d'un âge d'or, bientôt disparu dans les larmes le feu et le sang.

Klimt, portrait Adele Bloch-Bauer.

mardi 14 juillet 2009

jeudi 9 juillet 2009

Marie-Rosalie Souchot, femme à barbe.



Au commencement l’univers fut créé.
Ce qui mit en colère beaucoup de gens et fut considéré comme étant une mauvaise idée.
Bien-sûr, aujourd'hui on considère que l'homme est plein d’imperfections. On ne peut toutefois que se montrer indulgent si l’on songe à l’époque à laquelle il fut créé.
Existe t'il une vie intelligente sur une autre planète? oui, et la preuve irréfutable, c’est qu’ils n’ont jamais cherché à nous contacter!
Par ailleurs, sachez que bien que ces renseignements soient faux, nous ne les garantissons pas.






Je travaille mes gammes...et j'aime ça!


Les gammes diatoniques doivent être jouées dans un cadre clair et précis, c'est-à-dire avec un "plancher" (note la plus grave possible de la gamme) et un "plafond" (note la plus aigüe de la gamme, dans la limite choisie).
On part de la tonique, on monte au plafond (en général, je préconise le "la"ou le "sib" suraigu comme plafond, comme dans les exemples ci-dessus) puis on redescend jusqu'au plancher, et enfin retour à la tonique.
Le plancher et le plafond peuvent-être modifiés pour varier le travail; on peut par exemple choisir le "contre-ut" ou le "contre-ut dièse" comme plafond (à choisir seulement lorsque les gammes avec le sib comme plafond sont parfaitement assimilées...):


Les toniques sont jouées longues, ce qui permet de vérifier le soutien de l'air (le son doit être parfaitement droit) ainsi que l'intonation (l'oreille écoute et corrige; elle peut être accompagnée de l'accordeur).

La gamme est jouée en respectant les 4 règles fondamentales de l'embouchure et du calme (cf articles du 4 et 7 juin).

La régularité et la précision des doigts peut être améliorée par l'articulation "lié 2 par 2" (cf article du 23 juin).

Travaillez ces gammes sans partition, vous ferez mieux travailler votre oreille!

Petit rappel: la clarinette est loin d'être un instrument parfaitement homogène: le médium grave a tendance à peu sonner tandis que le suraigu à tendance à éclater. Vous devez donc jouer plus le grave et alléger le suraigu (sensation intérieure) et vérifier à l'écoute que l'ensemble sonne au même niveau sonore (écoute extérieure).

Une fois apprises, jouer l'ensemble des gammes diatoniques majeures prend seulement 3'!
Idem pour les mineures, soit le tout en 10' ( en comptant une petite marge pour se laisser bredouiller un peu...).
10' pour passer en revue l'ensemble de la tessiture de la clarinette...ne vous en privez pas!
Et ces gammes, rébarbatives au prime abord, deviendront vite une partie de plaisir!

mercredi 8 juillet 2009

feed-back


Pour ses 20 ans, le festival des Flâneries de Reims a passé commande de 20 créations à 20 compositeurs. J'ai eu l'honneur et le plaisir d'assurer la création de 3 d'entre elles:
-Aizgor, de Félix Ibarrondo (avec la guitariste Gaëlle Solal)
-Flânerie, valse lente, de Nicolas Bacri (avec la pianiste Marcela Roggeri)
-Encore, de Karol Beffa, pour clarinette seule.
Aizgor est rude, tendue, fiévreuse. Flânerie est mystérieuse, énigmatique. Encore mêle différents éléments avec des caractères bien marqués: souple ondulant, rythmique accentué et fiévreux haletant.
Outre le plaisir d'avoir donné vie à ces pièces, je veux faire partager ces réflexions qui m'ont traversé l'esprit et aussi aidé à surmonter les difficultés techniques que présentaient certaines de ces pièces.

J'ai ainsi repensé à Janos Starker disant: "ne vous excitez pas, créez de l'excitation", et qui nous parle de cet équilibre qui doit se faire entre l'excitation intérieure que la musique fait monter et la nécessité de conserver son sang-froid pour garder le contrôle de soi.
Si par exemple la musique doit être "nerveuse", il faut donner à entendre cette "nervosité" sans en être soi-même affecté.
C'est un point important auquel doivent penser ceux qui jouent ce type de pièces techniques et fiévreuses (comme Clair de Donatoni par exemple). Si trop de sang-froid tue la musicalité, trop de sang-chaud peut tuer la musique.

J'ai une fois de plus observé combien la maitrise de la pulsation est essentielle pour le contrôle des traits: elle est la ceinture de sécurité sans laquelle on risque très gros...et la moindre concession à cette règle se paye cash!

Et aussi tous ces "petits détails" que l'on néglige un peu dans la préparation et qui vous éclatent à la figure dans le feu de l'action (un doigté un peu incertain, une option de nuance ou de phrasé compliquée ou hasardeuse, une respiration pas vraiment calée, etc.).
Lors des rodages ou en situation, quand apparaissent ces fragilités, il convient de faire des choix simples, pragmatiques et efficaces!

Vous qui préparez un concours, sachez que si la maitrise technique c'est savoir cela, c'est surtout le faire!


Ange de la place d'Erlon, Reims.

mardi 7 juillet 2009

La grande classe...

Le maçon est le maitre du marteau,pourtant...

c’est le marteau qui a l’avantage sur le maçon...
parce que l’outil sait exactement comment il doit être manié, tandis que celui qui le manie ne peut le savoir qu’à peu près.
Le livre du rire et de l’oubli, Milan Kundera.

Essayons donc de saisir et de comprendre ce que nous "dit" notre clarinette.
Car ce n'est pas à la clarinette (qui est par nature "inflexible") de se plier à notre volonté, mais à nous d'essayer de jouer en intelligence avec elle, c'est à dire dans le sens qu'elle "désire" être jouée.

la clarinette sait exactement comment elle devrait être jouée, nous ne le savons qu'à peu près...
alors suivons son enseignement!

Pour cela, il s'agit d'ÉCOUTER.
Et donc tout d'abord de développer les deux "qualités d'écoute":
-l'écoute extérieure (celle du son)
-l'écoute intérieure (celle des sensations, du ressenti)

Voici une application concrète (plutôt à l'attention des clarinettistes "avancés").
Je répertorie 3 types d'intervalles:
-type 1: intervalles "simples" (je soutiens, je change de note...et ça marche)
-type 2: intervalles "impossibles" (je soutiens, je change de note...et ça ne marche pas)
-type 3: intervalles"délicats" (je soutiens, je change de note...ça passe, mais le legato laisse à désirer et on sent une "contrainte", un "blocage" dans l'écoulement de l'air).


Pour réussir l'intervalle de type 1, il suffit de bien soutenir (maintenir la pression de l'air).
Pour réussir l'intervalle de type 2, il faut impérativement couper l'air pour obtenir la deuxième note; on parle alors de "dépression d'air".
Pour réussir l'intervalle de type 3, c'est le même principe: l'intervalle se "négocie" grâce à une dépression d'air. Il sera réussi si l'écoute extérieure confirme un legato de qualité, tandis que l'écoute intérieure valide qu'il n'y a pas eu de "passage en force".
Cela concerne principalement les grands intervalles (surtout descendants) et ceux avec des changements de registres.

Lors de son apprentissage, l'élève doit d'abord apprendre à soutenir ( c'est une étape fondamentale du travail; c'est en quelque sorte la "première couche"). Plus tard, il devra perfectionner son jeu ( ce sera la "deuxième couche" du travail), en apprenant à utiliser ces dépressions d'air, tout en soutenant par ailleurs.

Le paradoxe, c'est donc qu'il y a un décalage entre ce que l'on fait (couper l'air) et ce que l'on entend (un intervalle parfaitement souple et lié)!

Amusez-vous à découvrir les relations subtiles entre ce que vous ressentez et ce que vous entendez.
Cherchez à être en accord avec votre instrument, sans jamais le forcer ou le contraindre.
...c'est cela que "veut" la clarinette!

Caricature d'Honoré Daumier.

lundi 6 juillet 2009

Tous les arts sont frères, chacun apporte une lumière aux autres. Voltaire



Travailler d'arrache-pied pour mettre sur pied sans perdre pied puis, au pied levé, prendre son pied!


dream a little dream of me, à Poznan

dimanche 5 juillet 2009

Etrange rencontre


Cela se produit assez souvent, dans les lieux de grande foule, aux heures de pointe, dans les moments de grande bousculade et d'agitation. Par exemple à la porte du stade, quand les gens se battent pour entrer. Dans la mêlée, deux mètres devant vous, vous apercevez, de dos, un de vos plus chers amis, passionné de football comme vous. Vous le reconnaissez sans l'ombre d'un doute: les cheveux blonds négligés qui débordent un peu sur le col, et cette cicatrice sur la nuque, d'une vielle piqure de guêpe, et la façon de tenir la tête légèrement penchée à gauche, et puis le caractéristique chapeau noir à bord relevé sur les côtés, comme le portrait de Toscanini. C'est absolument lui. Pas d'erreur possible, même au milieu d'un milliard de personnes. Vous appelez: "Antonio! Antonio!" Mais il ne se retourne pas. Vous appelez plus fort. Rien. Alors vous perdez la tête. Vous excusant, suppliant, vous demandez aux gens devant de vous laisser passer. Agacés mais surpris ils vous font place. Vous faites un bond. Vous tendez la main droite pour toucher l'ami sur l'épaule."Antonio! Antonio!" Une ondulation imprévue de la foule. Ils vous repoussent. Et l'ami semble emporté, aspiré par un tourbillon soudain. Il disparait. Il s'évanouit dans le néant. Devant, alentour, des visages inconnus. Que vous importe désormais le match? Vous vous laissez entrainer en avant avec un battement de cœur atroce. Parce que vous êtes mathématiquement sûr que c'était vraiment lui, votre plus cher ami Antonio. Mais cinq longues années ont passé depuis que votre ami est mort.

Nouvelle de Dino Buzzati




Paris sous surveillance, FH