lundi 28 septembre 2009

Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices, Suspendez votre cours !



Travailler son instrument plusieurs heures par jour, nécessite une bonne organisation. Voici quelques principes qui pourront vous aider à réfléchir sur votre temps de travail:


-Principe de Murphy : nous sous-estimons le temps nécessaire pour réaliser une action, ce qui entraîne des courses poursuites après le temps. Faites votre planning de travail, anticipez, et faites des bilans réguliers pour estimer le chemin parcouru vers vos objectifs. Quand on ne peut atteindre les objectifs fixés, ne pas se culpabiliser, ne pas s’effondrer, mais les réviser.

-Principe de Parkinson : plus nous disposons de temps pour réaliser une activité, plus nous occuperons la totalité au-delà de ce qui était nécessaire. Planifiez votre travail quotidien, définissez les horaires (début, fin et pauses). Respectez votre planning.

-Principe de Fraisse : notre appréhension psychologique du temps dépend de l’intérêt que nous portons à la tâche à accomplir. Plus une activité est intéressante et plus elle parait brève. Le temps d’une attente est toujours plus long. Définissez le contenu de votre travail, en étant créatif, pour que votre journée soit intéressante et que vous ayez du plaisir à travailler.

-Principe d’Illich : après un certain nombre d’heures de travail, la productivité du temps décroît et devient même négative. S’obstiner à travailler à partir de ce palier engendre de la saturation. Définissez votre seuil de travail journalier et hebdomadaire au-delà duquel vous devenez improductif. Apprenez à écouter les messages de votre corps, comme les signes de fatigue. Apprenez aussi à vous arrêter, à prendre du recul et du temps pour vous. Connaître vos limites physiques et mentales vous rendra plus efficace!






Le Lac



Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : " Sois plus lente " ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse de Lamartine

dimanche 27 septembre 2009

De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair (2)




nagadata téké toum?


2+2+3

De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair, Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.





Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons

De l'automne

Blessent mon cœur

D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m 'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.


(Poèmes saturniens)


4+4+3

vendredi 18 septembre 2009

anches...et démons


Voici quelques suggestions pour affiner la force de votre anche :

-changez la position de l'anche sur le bec : montez l'anche, elle sera plus tenue. Et vice-versa.

-changez la position de la ligature sur le bec : baissez la ligature (par rapport au niveau normal), l'anche devient plus facile. Et vice-versa.


Il semble par ailleurs, que la position du support de pouce a aussi une influence: plus la position est basse, plus l'anche ferme.


mercredi 16 septembre 2009

trace ta route!


Conte africain

Un enfant demande à son père:
- Dis papa, quel est le secret pour être heureux ?
Alors le père demande à son fils de le suivre. Ils sortent de la maison, le père sur leur vieil âne et le fils suivant à pied. Et les gens du village de dire:
- Mais quel mauvais père qui oblige ainsi son fils d'aller à pied !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison, dit le père.

Le lendemain ils sortent de nouveau, le père ayant installé son fils sur l'âne et lui marchant à côté. Les gens du village dirent alors:
- Quel fils indigne, qui ne respecte pas son vieux père et le laisse aller à pied !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.

Le jour suivant ils s'installent tous les deux sur l'âne avant de quitter la maison. Les villageois commentèrent en disant:
- Ils ne respectent pas leur bête à la surcharger ainsi!
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.

Le jour suivant, ils partirent en portant eux-mêmes leurs affaires, l'âne trottinant derrière eux. Cette fois les gens du village y trouvèrent encore à redire:
- Voilà qu'ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant ! C'est le monde à l'envers !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.

Arrivés à la maison, le père dit à son fils:
- Tu me demandais l'autre jour le secret du bonheur.
Peu importe ce que tu fais, il y aura toujours quelqu'un pour y trouver à redire. Fais ce qui te plaît et tu seras heureux.

dessin de Picasso

lundi 14 septembre 2009

samedi 12 septembre 2009

éthique


« Ne quittez pas votre instrument, trouvez l’âme sœur, ne rabaissez jamais un autre musicien » Charlie Parker.

et toc!

jeudi 10 septembre 2009

Cyrano, la météo et la Tour Eiffel...

Photo Élodie Grégoire

en haut de la Tour Eiffel (3ème étage): temps clair et ensoleillé, très bonne visibilité, perspective à 360°
en bas de la Tour Eiffel: temps brumeux, visibilité très réduite .

Le pédagogue ("agog" celui qui conduit / les enfants "pais") est étymologiquement celui qui, dans la Grèce antique, accompagnait les enfants sur le chemin de l’école.
L'enseignant pédagogue est donc aujourd'hui celui qui "accompagne les élèves sur le chemin de la connaissance".

Revenons à notre Tour Eiffel, métaphore de ce chemin vers la connaissance, vers le sommet de la tour, là où les choses sont claires.

Pour l'élève, du sol au premier étage, on n'y voit pas grand chose. Du 1er au 2ème étage, ce n'est guère mieux, avec le doute, la fatigue et le découragement qui se profilent...
Et pourtant c'est le bon chemin!

A ce stade de la métaphore, Cyrano de Bergerac pourrait dire:
"Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh! Dieu!... bien des choses en somme.
En variant le ton,-par exemple, tenez:


doctrinal (d'après Saint-Augustin):
"Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme".
sage, (proverbe japonais):
"Même un chemin de mille lieues commence par un pas".
guerrier (proverbe zoulou):
"Si tu avances, tu meurs ; si tu recules, tu meurs...alors, à quoi sert de reculer ?"
provocateur, genre "titi parisien", (d'après Jacques Audiard):
"Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche".

"britannique", (façon chanson populaire):

"But long is the road, hard is the way, heavy my load, but deep is my faith, long is the road"
pratique, (proverbe chinois):
"Pour connaitre le chemin, interroge celui qui en vient".
philosophe, (d'après Robespierre)
"Celui qui ne sait pas où il va se retrouve ailleurs"

Et surtout n'oublions pas qu'avec un escalier prévu pour la montée, on réussit souvent à monter plus bas qu’on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente...et inversement!
CQFD!

mercredi 9 septembre 2009

C'est juste? (3)

Justesse mélodique, justesse harmonique.

Dans un jeu mélodique, comme par exemple pour la 1ère pièce de Stravinsky, la qualité d'intonation des intervalles qualifiés de "justes" (à savoir les quartes, quintes et octaves) est particulièrement sensible. Le ton et le demi-ton méritent aussi une attention particulière. Si l'accordeur est un repère précieux et objectif, le plus important reste toutefois de s'écouter!

En vous écoutant bien, l'accordeur faisant foi, l'oreille et l'embouchure vont développer le "réflexe" de la justesse.

On peut aussi rappeler que la justesse "harmonique" obéit à ses propres lois: un accord de septième de dominante comme do/mi/sol/sib, joué par un quintette à vents avec chacune des notes parfaitement justes à l'accordeur, sonnera faux!
Pour sonner juste, tonique et quinte (le do et le sol) devront être parfaitement justes, tandis que la tierce majeure (le mi) devra être jouée basse et la septième (le sib) quant à elle, jouée très basse!


Vous pouvez faire l'expérience en "échelonnant" l'accord progressivement: d'abord la fondamentale, puis la quinte. Tous les instruments qui doublent ces notes se rajoutent.
A ce moment, si la justesse est bonne, les harmoniques issus de l'accord "sortent", dont la tierce et la septième. Il s'agit donc pour ceux qui doivent jouer ces notes de s'ajuster, de se "caler" sur ces harmoniques pour que l'accord sonne juste. Ce qui fait que:
- la tierce majeure doit être jouée basse
- la tierce mineure doit être jouée haute
- la septième de dominante doit être jouée très basse


La maitrise de la clarinette est une construction: tous ces conseils ne sont valables que si les règles de l'embouchure (article du 8 juin 2009) sont respectées.
Bien-sûr, la sobriété de l'instrumentiste est préférable!


dessin Hergé

c'est juste? (2)

A propos de l'intonation.

La première étape est de connaitre la justesse de votre instrument.
Partons du "si" (3ème ligne), montons une gamme chromatique lentement et observons à l'accordeur ce qui se passe, sans rien chercher à modifier. Puis, même chose, en partant de ce même "si" mais en descendant la gamme.

En fonction de ces observations, il va s'agir maintenant de trouver votre meilleur compromis par rapport à un diapason choisi (en général 442 Hz).
En tirant au baril et entre les deux corps, on doit rapprocher le maximum de notes de la bonne intonation, en sachant bien-sûr que "tirer" allonge le tube donc fait baisser l'intonation:
-tirer au baril influence les notes des 2 mains, surtout la gauche
-tirer au centre influence la main droite
Tirer au niveau du bec n'est pas très recommandé (mais possible), tirer au pavillon est aussi possible, mais a une influence limitée.
L'idée est donc de trouver la bonne "longueur" de clarinette, celle qui donnera le résultat optimal pour les notes de la main gauche et de la main droite. Une fois trouvée, cette "longueur" peut-être stabilisée avec des "bagues".
Cependant, les pianos ne seront pas toujours à 442 Hz, et la force de l'anche ainsi que la température extérieure pourront modifier les repères habituels: une différence de 6° C fait monter le son d'un coma. En théorie, entre 15°C et 35°C, il y a un écart de 1/3 de ton! Il faudra donc vous adapter!


Une fois, la clarinette "configurée" au mieux, des écarts subsistent (le sol grave de l'exemple n'ayant pu être que "raisonnablement" baissé, notre "ré" aura toujours tendance à être trop haut). Vous devez d'abord connaitre la tendance de chacune des notes de votre clarinette (grâce à l'accordeur) puis essayer de compenser au mieux grâce:
la pression des lèvres ( serrer va faire monter l'intonation, relâcher la fera baisser).
-aux doigtés de correction, qui permettront de corriger l'intonation et quelquefois aussi la qualité du son: pour le médium par exemple, la perce est, en théorie, "trop grande, pour une longueur très courte", donc le son est pauvre en harmoniques; les doigtés corrigés redonneront de la vie à ces notes tout en corrigeant l'intonation.


Il est à rappeler que la nuance influence l'intonation: jouer piano a tendance à faire monter, jouer fort à faire baisser. Il est à noter que d'autres instruments comme la flûte se comportent à l'inverse. En cas d'unisson, il faudra prendre en compte cette donnée. Le principe des harmoniques impairs (propre seulement à la clarinette) produit par ailleurs un timbre particulier qui pourra rendre cet unisson encore plus délicat...


Dessin Hergé

mardi 8 septembre 2009

Ne cherche pas à ce qui arrive, arrive comme tu le veux, mais veuilles que ce qui arrive, arrive comme il arrive...

...et tu seras heureux. Epictète.

Petit conte zen:
Un fermier reçoit en cadeau pour son fils un cheval blanc. Son voisin vient vers lui et lui dit "vous avez beaucoup de chance. Ce n'est pas à moi que quelqu'un offrirait un aussi beau cheval blanc !"
Le fermier répond : "je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose".
Plus tard le fils du fermier monte le cheval et celui ci rue et éjecte son cavalier. Le fils du fermier se brise la jambe "oh quelle horreur !" dit le voisin. "Vous aviez raison de dire que cela pouvait être une mauvaise chose. Assurément, celui qui vous a offert le cheval l'a fait exprès pour vous nuire. Maintenant votre fils est estropié à vie"
Le fermier ne semble pas gêné outre mesure il lance "je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose".
Là dessus la guerre éclate et tous les jeunes sont mobilisés sauf le fils du fermier avec sa jambe brisée. Le voisin revient alors et dit "votre fils sera le seul du village à ne pas partir à la guerre, assurément il a beaucoup de chance"
et le fermier de répéter "je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose".


Si tu comprends, les choses sont comme elles sont. Si tu ne comprends pas, les choses sont quand même comme elles sont.

vendredi 4 septembre 2009

c'est juste? (1)

Petit précis acoustique:
La tessiture de la clarinette s'étend sur presque 4 octaves. Du fait de sa perce (cylindrique sur près des 2/3 de sa longueur), la clarinette obéit aux lois physiques des tuyaux cylindriques fermés à une extrémité. La particularité de cette forme de résonateur est de fournir des harmoniques impairs exclusivement, ce qui produit le "quintoiement" de la clarinette (c'est pour cela que nous avons une clé de douzième, et non une clé d'octave).

L'idéal acoustique aurait été que le quintoiement du chalumeau donne aux notes correspondantes du clairon la même "justesse". Malheureusement, le principe acoustique de la clarinette fait sonner les registres du clairon et de l'aigu différemment du chalumeau.
Du point de vue du fabricant,
la justesse d'une clarinette va donc être affaire de compromis: par exemple, le sol grave produit une douzième (le ré) trop haute. On va donc baisser le sol grave afin de limiter la hauteur du ré. Mais un "ré" parfaitement juste, obligera a contrario à avoir un sol grave vraiment trop bas...d'où forcément un compromis à trouver.
Du point de vue de l'instrumentiste, la première chose est de connaitre les principes acoustiques et leurs conséquences, puis de les assumer!
on peut alors chercher et imaginer les compensations nécessaires pour jouer juste.


dessins d'Hergé