samedi 5 décembre 2009

Baci di Roma

Aujourd'hui, je ne résiste pas au plaisir de vous parler du récital que j'ai donné à Rome le 01 décembre.

fontaine de trévi

Ce concert revêtait un caractère exceptionnel pour au moins 2 raisons:
- il s'est tenu dans un lieu magnifique, le salon Hercule du Palais Farnèse (18 mètres sous plafond!...):


- au programme, il y avait notamment la création mondiale de la Sonatina lapidaria op. 108 n°2 de Nicolas Bacri.



Le Palazzo Farnese, piazza Farnese à Rome, est un des plus beaux palais romains, et aussi l'Ambassade de France en Italie.

Sa construction a débuté en 1515 à l'initiative du cardinal Alexandre Farnèse, futur pape Paul III.

Voici une des plus belles pièces du palais, le magnifique salon des Carrache (du nom des frères peintres):



J'ai fait ce concert avec la pianiste Eliane Reyes. Nous sommes tous deux les dédicataires de la Sonatina lapidaria.

Cette sonatine fait partie de DEUX SONATINES OPPOSEES op. 108 (Alphonse Leduc, Paris) pour clarinette et piano, regroupant sous le même opus la sonatina lirica et la sonatina lapidaria.
La sonatina lirica a été créée et enregistrée en 2008 ( Fuga Libera) par les dédicataires (Ronald Van Spaendonck et Eliane Reyes)

le Panthéon

Voici ce que dit Nicolas Bacri :
"Mes deux sonatines opposées sont, comme leur nom l’indique, des compositions aux climats musicaux extrêmement différenciés. A la Sonatina lirica, d’une douceur, d’un lyrisme, d’un classicisme qui me surprennent encore moi-même, j’ai voulu opposer une Sonatina lapidaria qui représente l’autre extrême de ma palette stylistique, dramatique, pleine d’amertume, de détresse intérieure et…d’audible modernité (...)"



"Ecrite un an plus tard, la Sonatina lapidaria se veut, à l’opposé de la première, une œuvre sans concession et en comparaison avec la Sonatina lirica fait l’effet d’une gifle. En un seul mouvement d’une durée de trois minutes et demi elle est classiquement construite avec une introduction lente, un premier thème rapide et contrapuntique suivi d’un second, lyrique et harmonique. Le développement et la réexposition comportent de nombreux passages fugués qui semblent parodier mon style sérieux… Il ne saurait en être autrement lorsqu’on prend le risque d’entamer un dialogue contradictoire avec soi-même."


Ciao!

mercredi 25 novembre 2009

samedi 21 novembre 2009

haut les cœurs!


Le message d'aujourd'hui est une invitation à apprendre par cœur ce que vous travaillez.


Apprendre par cœur, est une manière de s'approprier la musique, de la posséder, de la connaitre profondément.


Vous mettrez ainsi vos principaux sens au service de cet apprentissage: bien-sûr l'oreille, mais aussi l'œil (la fameuse mémoire visuelle, celle qui vous fait "voir" intérieurement la partition que vous jouez) ainsi que la mémoire des doigts (mémoire kinesthésique).

Chacun d'entre nous a généralement un de ces sens en prédilection. Par exemple, un danseur mémorisera sa chorégraphie plus facilement par la partition s'il est "visuel", par la musique s'il est "auditif", et par les appuis musculaires et les mouvements s'il est "kinesthésique".


Le temps optimal de travail pour la mémorisation est situé entre 20 et 50 minutes.

Avant, l’esprit n’a pas le temps de découvrir la structure de l’information, après, la mémorisation est plus restreinte.

Sur une période longue, de courtes pauses permettront de maintenir la qualité de la mémorisation, en relâchant les tensions musculaires et mentales.


Apprendre par cœur, n'impliquera pas forcément de jouer par cœur au concert ou au concours: si pour certains jouer de mémoire est aisé quelque soient les circonstances, pour d'autres, la partition sera une "sécurité" apaisante.


Alors mettez du cœur à l'ouvrage, et si vous avez du cœur au ventre, jouez par cœur et souhaitons que votre musique ira droit au cœur!


L "art de la mémoire" est un principe destiné au départ aux orateurs de l’Antiquité pour se rappeler un discours. L’argumentation consistait à imaginer un bâtiment (votre appartement? ou imaginaire), avec un parcours précis dans les lieux dans lesquels étaient placées des images fortes qui rappelaient ce qui était à dire : chaque argument ayant sa place, il se retrouvait facilement.

On trouve encore de nos jours une référence à ces techniques dans les expressions françaises familières « en premier lieu », en « second lieu », ou anglaises « in the first place », etc.

Tous ceux qui sont célèbres de nos jours pour leur mémoire exceptionnelle utilisent cette technique à un degré ou à un autre. Elle utilise la capacité du cerveau à mémoriser des images.



J'ai eu une occasion amusante d'utiliser cette technique pour un jeu de société: le "burger quizz". A la fin du jeu, il s'agit de mémoriser les réponses à 10 questions, puis, de les donner à voix haute, dans le bon ordre.

J'ai d'abord mémorisé les réponses en les visualisant dans les pièces de mon appartement (un "chat" dans l'entrée, une "tour Eiffel" dans ma salle de travail, etc.). Au moment de les donner à voix haute, il m'a suffit de refaire le chemin dans l'ordre prévu des pièces, et de revoir mentalement les images ou objets que j'y avais "déposés". Et ainsi, ma mémoire ne m'a pas fait défaut!


En 2005 et 2006, le champion du monde d'une compétition de mémoire, Clemens Mayer, mémorisa 1040 chiffres en une demi-heure, au moyen d'un parcours mental muni de 300 points d'arrêt à travers son domicile.



dimanche 15 novembre 2009

Allez lui expliquer, vous, à la grenouille, qu'il faut lâcher prise!


CE QU'EST LE LÂCHER PRISE, par Marie Bérubé, psychologue

Tous, à des degrés divers, nous aimons bien avoir le contrôle, que ce soit sur notre travail ou des parties de celui-ci, sur notre vie personnelle, sur nos émotions, sur les autres peut-être.

Nous aimerions bien parfois avoir le contrôle sur des évènements qui, justement, sont hors de notre contrôle.

Lorsque nous réalisons que nous ne pouvons changer ni les évènements ni les autres et que nous pouvons seulement changer notre façon de les percevoir, nous sommes dans le lâcher prise. Nous nous donnons alors une chance de vivre moins de stress. De la même façon, lorsque nous modifions notre action pour arriver à un résultat, nous faisons preuve de flexibilité et de notre habileté à décrocher d’une conduite stérile.

Dans tous les évènements qui nous arrivent, il est important de faire la différence entre ce que nous pouvons contrôler, ce que nous pouvons influencer et ce que nous ne pouvons ni contrôler, ni influencer. Faire une distinction entre les trois est sans doute une première étape dans le lâcher prise.

Le lâcher prise et les objectifs

Est-ce à dire que lâcher prise implique de renoncer à nos buts, à nos objectifs ? Pas nécessairement. Lâcher prise, dans l’immédiat, peut être parfaitement compatible avec l’action, mais impliquera parfois une action différente ou différée.

Prenons un exemple simple qui permettra de mieux comprendre. Il vous est sans doute déjà arrivé d’avoir un nom sur le bout de la langue et de vous acharner pendant de longues minutes pour le retrouver, mais en vain. On dirait que plus vous faites des efforts, moins vous vous en souvenez. Puis, vous passez à autre chose, vous lâchez prise sur votre recherche. Soudain, le nom recherché arrive de lui-même et sans aucun effort.

Penser de façon obsessive à un problème est la plupart du temps complètement inefficace et ne le règle surtout pas. Au contraire, s’en détacher provisoirement peut permettre à notre cerveau de faire émerger certaines solutions et surtout de laisser la place à l’originalité et la créativité.

Un acte de confiance

Pourquoi trouvons-nous si difficile de laisser aller notre besoin de contrôle ? Parce que nous nions ou parce que nous sommes très peu conscient des peurs liées à l’absence de contrôle.

Par exemple, on peut craindre des autres qu’ils nous dominent, avoir peur de se tromper, peur de ne pas être adéquat, peur de manquer de quelque chose. Plus on cherche à contrôler, que ce soit les collègues, le conjoint, ses enfants, une manière de faire les choses, l’opinion des autres ou même son apparence, plus cela est signe d’insécurité et moins on lâche prise.

Lâcher prise est un acte de confiance. Cela nécessite l’acceptation de nos limites, la reconnaissance des autres dans leurs différences et la capacité de faire avec ce qui est dans le présent. La tentation est grande toutefois de refuser ce qui n’est pas conforme à nos désirs. Le besoin de contrôle nous fait nous acharner sur ce qui aurait pu être ou ce qui devrait être et oublier ce qui est présentement.

Des moyens de lâcher prise

Comment peut-on s’y prendre pour développer la capacité à lâcher prise ? De plusieurs façons. Mais la première et la plus importante n’en demeure pas moins la prise de conscience. Devenir conscient de nos émotions face à ce qui arrive. Devenir également conscient de l’absurdité du contrôle sur ce qu’on ne peut ni changer ni influencer. Devenir conscient de toute la perte d’énergie et de bien-être que représentent le perfectionnisme et l’acharnement.

Par exemple, vous partez en voyage à l’étranger dans l’intention bien précise d’en profiter pour faire de la photographie, une de vos passions. Dès votre arrivée, votre appareil ne fonctionne plus. Il est impossible de le faire réparer sur place ou de s’en procurer un autre. Entretenir en vous la frustration, la colère, le dépit par rapport à cette contrariété peut gaspiller vos vacances et ne corrigera en rien la situation. Alors, ne vaut-il pas mieux recadrer cette situation ? Vous dire, par exemple, que vous pouvez peut-être profiter autrement des belles images qui s’offrent à vous ? Peut-être serez-vous plus sensible aux brochures, aux cartes postales, aux vidéos que vous pourrez vous procurer ? Peut-être ne pas être embarrassé d’un attirail de photographe vous permettra-t-il de faire des activités différentes ? Peut-être que de couper court à ces pensées moroses vous permettra-t-il de ne pas rater vos vacances et, la prochaine fois, de partir avec un plan B : une deuxième caméra ou, tout simplement, un appareil photo jetable ?

Les deuils à faire

Simple logique, direz-vous, mais comment se fait-il que ce simple comportement soit parfois si pénible à faire ? C’est là qu’intervient la stratégie suivante qui est essentielle, soit celle d'accepter de faire le deuil de quelque chose auquel nous tenons.

Combien de fois nous répétons un comportement stérile. Pensons à toutes les fois où nous refaisons la même intervention avec un enfant, un conjoint, un ami, un collègue, intervention qui ne donne pas les résultats escomptés, mais que nous répétons inlassablement, contre toute logique, en pure perte, récoltant à chaque fois la même déception.

Nous pourrions comparer cela à une mouche prisonnière dans la maison et qui cherche à sortir. En voyant la lumière de la fenêtre, elle fonce vers la liberté, mais se frappe dans la vitre. Elle pourra répéter cette stratégie pendant des heures, jusqu’à l’épuisement et même la mort, même si ce moyen est complètement inefficace.

Lâcher prise implique parfois de faire le deuil d’une croyance, les il faut, les je dois appris, conditionnés et inefficaces quant au résultat. Par exemple : il faut que tout soit parfait. - Tout doit toujours fonctionner comme je le veux. - Je dois tout faire moi-même.

D’autre fois, c’est du résultat qu’il conviendra de faire le deuil puisqu’il n’est pas entièrement sous notre contrôle (par exemple, les résultats scolaires de notre enfant ou l’ordre dans sa chambre). Certains auraient intérêt à faire le deuil de leur passé, de leurs épreuves, de leurs problèmes, puisqu’on ne peut changer le passé et que le ressasser inlassablement nous empêche de profiter du moment présent. Certains traînent avec eux, pendant des années, des deuils et refusent de tourner la page, minant ainsi leur propre moral et celui des autres.

Les deuils à faire sont multiples, que l’on songe à toutes les idées irréalistes que nous entretenons sur nous-mêmes (vouloir être apprécié de tous, par exemple, ou vouloir que tout le monde autour de nous soit bien), sur les autres (souhaiter que son conjoint ou son collègue de travail ait un caractère différent), sur le travail, etc. Pardonner est aussi une façon de lâcher prise.

Lâcher prise implique donc parfois de nous changer nous-mêmes ou de nous accepter avec nos limites, nos valeurs, ce qui nous permet d’accepter les autres bien plus aisément. Le cerveau humain est très complexe et capable de grandes choses, à condition que nous développions sa grande flexibilité.

Être flexible, c’est accepter de lâcher prise si les moyens que nous utilisons ne fonctionnent pas; c’est aussi essayer autre chose, une autre stratégie. C’est aussi nous mettre en recherche active de d’autres moyens pour arriver à nos fins. C'est accepter de laisser aller un certain contrôle.

mercredi 11 novembre 2009

noosphère

La noosphère (concept forgé par le savant russe Vladimir Vernadski), est le lieu où se retrouvent l'ensemble des pensées, des consciences et des idées produites par l'humanité à chaque instant, comme une « nappe pensante » qui envelopperait la surface de la terre (de la même façon que la biosphère).

Dans
Le hasard et la nécessité, en 1970, Jacques Monod émet l'hypothèse que les idées pourraient avoir une autonomie propre, et être capables, comme les êtres organiques, de se reproduire et de se multiplier.


Richard Dawkins, dans
Le gêne égoïste (1976), évoque le concept d "idéosphère": " Lorsque vous plantez une idée fertile dans mon esprit, vous parasitez littéralement mon cerveau, le transformant en véhicule pour la propagation de cette idée".


A l'heure des ordinateurs et d'internet, une idée sur un blog peut se répandre plus vite dans l'espace et dans le temps et rejoindre
plus rapidement la noosphère pour y rencontrer d'autres idées.

Jérôme Pernoo, violoncelliste et pédagogue brillant, passionné et généreux, fait partie de ceux qui alimentent grandement la noosphère.

Si vous suivez mon blog, vous aimerez le sien! et notamment ses émissions sur les Apprentis du Bien-Nourri.


Alors n'hésitez pas à aller visiter la
Jérôme Pernoo'sphère:

http://www.jeromepernooweblabel.com/atelier/fr/apprentis.html

dimanche 8 novembre 2009

Album photo

Me voici de retour! Je vous propose quelques photos prises pendant ma tournée de concerts en Espagne (Cacérès, Séville et Barcelone) et au Danemark (Aarhus)

Première étape: Séville, en Andalousie, sur les bords du Guadalquivir (en fait, il y a eu d'abord Cacérès, en Estrémadure, mais le planning était trop serré pour des photos...):


J'ai notamment visité l'Alcazar, un palais construit par Pierre le Cruel au XIVème siècle...


...dans le style mudéjar (mélange d'éléments mauresques et chrétiens). Magnifique!



*****


Pour la deuxième étape, changement radical (y compris de climat...) et c'est Aarhus au Danemark:

Den Gamle By, une ville-musée pittoresque.


*****

et puis, retour en Espagne, mais cette fois à Barcelone (en Catalogne).

Je suis retourné voir la Sagrada Familia, église dont la construction a été entreprise en 1883 par Gaudi. Mais il meurt en 1926, victime d'un accident de tramway. Toute la ville assiste à ses funérailles. La Sagrada Familia ne comporte alors que la crypte, les murs des absides, une porte et une flèche.
En 1930, trois tours sont ajoutées. Mais, en 1936, les ateliers sont incendiés par un groupe de combattants anarchistes. Il faudra un long travail de restauration des plans et des maquettes pour que les travaux reprennent en 1952...




...elle est toujours en construction, et si tout va bien, elle pourrait être terminée en 2040...
- "Señor Gaudi, pouvez-nous dire quand la Sagrada Familia sera terminée?"
- "Je ne sais pas mais je peux vous dire que ce n'est pas important pour mon client. Dieu a tout le temps du monde."

Voici quelques détails de la façade consacrée à la Passion.




Après quoi, je suis parti en Chine puis en Corée du Sud, mais là, c'est une autre histoire.

samedi 10 octobre 2009

A quoi bon chausser les bottes de 7 lieues, si on ne sait pas où aller?


L'élève joue. Des notes dans le médium sont trop hautes (les fameuses "notes de gorge"). L'élève joue donc "faux", mais il l'ignore. On peut donc dire qu'il est inconsciemment incompétent.

Le professeur lui demande de s'écouter. L'élève prend alors conscience de ce problème d'intonation, sans toutefois pouvoir le résoudre. On peut alors dire de l'élève qu'il est consciemment incompétent.

Le professeur donne à l'élève des clés concrètes (doigtés de correction, écoute des intervalles, travail à l'accordeur, etc...). L'élève peut maintenant corriger l'intonation et devient donc consciemment compétent. C'est un très grand pas de franchi. Toutefois, cela lui demande une attention soutenue à chaque fois qu'il joue ces notes.

A ce stade, l'élève joue correctement, mais l'attention requise ne lui permet pas d'avoir le recul nécessaire et absorbe une grande part de sa concentration.

Le stade suivant de l'apprentissage consiste pour l'élève à devenir inconsciemment compétent: il s'agit pour cela d'approfondir le travail en l'inscrivant dans le temps. Ainsi, ce qui demandait une attention soutenue, va finir par être incorporé en profondeur, devenir presque un réflexe, une "seconde nature", une "veille" quasi permanente et inconsciente à l'intonation.

Si vous avez bien suivi le processus, vous aurez remarqué que le rôle du professeur est principalement d'aider l'élève à arriver au stade "consciemment compétent".
Pour la suite, à part stimuler l'élève par des "piqûres de rappel", le rôle du professeur devient mineur: c'est donc à l'élève de prendre pleinement ses responsabilités.

Par exemple:
Je sais que le calme est déterminant pour que je puisse m'exprimer convenablement. Mon objectif est donc de maitriser le calme lors du prochain concours. Les moyens, je les connais, en théorie (voir l'article du blog sur le calme).
Mais concrètement, qu'ai-je fait aujourd'hui en ce sens?
Ai-je porté mon attention sur la qualité de ma respiration? sur les tensions musculaires? qu'en est-il de mon ancrage dans le sol? ai-je pensé à dire toutes les notes du trait?
Est-ce clair dans ma tête qu'il faudra recommencer demain et les jours suivants?

Je sais que l'intonation est un paramètre fondamental de mon jeu. J'ai lu les articles de ce blog à ce sujet, mais ai-je mis en pratique les exercices proposés? est-ce cohérent de ne pas m'être encore organisé pour me procurer les bagues? ou changer les piles de mon accordeur?

Définissez vos objectifs personnels et leurs échéances, et mettez en œuvre les moyens concrets nécessaires à leurs réalisations! Jour après jour!

Chers élèves, à vous de jouer!


running frog

lundi 5 octobre 2009

je travaille mes gammes...

Voici une méthode pour travailler les arpèges de septième de dominante:
On part sur l'accord de mi7 en arpèges brisés (voir ci-dessous). On monte jusqu'au plafond qui aura été défini (par exemple si on a choisi le si bémol suraigu comme plafond, on monte jusqu'à la note la plus haute de l'arpège sans dépasser ce plafond, en l'occurrence le sol # pour l'arpège de mi7), puis on redescend jusqu'au plancher (c'est-à-dire la note la plus basse possible de l'arpège).
On enchaine ensuite la gamme suivante, dans le cycle des quintes: mi7, la7, ré7, sol7, do7...en démarrant l'arpège du plancher, ce qui donne:


Voici donc les amorces des 12 arpèges de septième de dominante:

En résumé, il suffit donc de monter chacun de ces arpèges jusqu'au plafond, de redescendre au plancher, et les enchainer.
Une fois appris, il vous suffira de 6 minutes pour les enchainer tous!

Après vous pourrez varier les plaisirs, en modifiant le plafond (version "ceinture noire", choisir le contre-ut dièse) ou modifier le plancher: partir du mi aigu (4ème interligne) comme plancher permet de se focaliser seulement sur l'aigu et le suraigu...ce qui n'est pas une mince affaire!

Bon travail!

lundi 28 septembre 2009

Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices, Suspendez votre cours !



Travailler son instrument plusieurs heures par jour, nécessite une bonne organisation. Voici quelques principes qui pourront vous aider à réfléchir sur votre temps de travail:


-Principe de Murphy : nous sous-estimons le temps nécessaire pour réaliser une action, ce qui entraîne des courses poursuites après le temps. Faites votre planning de travail, anticipez, et faites des bilans réguliers pour estimer le chemin parcouru vers vos objectifs. Quand on ne peut atteindre les objectifs fixés, ne pas se culpabiliser, ne pas s’effondrer, mais les réviser.

-Principe de Parkinson : plus nous disposons de temps pour réaliser une activité, plus nous occuperons la totalité au-delà de ce qui était nécessaire. Planifiez votre travail quotidien, définissez les horaires (début, fin et pauses). Respectez votre planning.

-Principe de Fraisse : notre appréhension psychologique du temps dépend de l’intérêt que nous portons à la tâche à accomplir. Plus une activité est intéressante et plus elle parait brève. Le temps d’une attente est toujours plus long. Définissez le contenu de votre travail, en étant créatif, pour que votre journée soit intéressante et que vous ayez du plaisir à travailler.

-Principe d’Illich : après un certain nombre d’heures de travail, la productivité du temps décroît et devient même négative. S’obstiner à travailler à partir de ce palier engendre de la saturation. Définissez votre seuil de travail journalier et hebdomadaire au-delà duquel vous devenez improductif. Apprenez à écouter les messages de votre corps, comme les signes de fatigue. Apprenez aussi à vous arrêter, à prendre du recul et du temps pour vous. Connaître vos limites physiques et mentales vous rendra plus efficace!






Le Lac



Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : " Sois plus lente " ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse de Lamartine